Pour la première fois, le gouvernement allemand a refusé de garantir un investissement privé (de Volkswagen en l'occurrence) en Chine, au nom de la défense des Ouighours. C'est un double tournant.
C'est un tournant. Le gouvernement allemand a fait savoir vendredi qu’il n’apporterait pas la garantie publique à des investissements d’une grande entreprise allemande en Chine parce qu’elle a des activités dans la province des Ouïghours, le Xinjiang.
C’est le ministre de l’Economie, Robert Habeck, qui l’a annoncé dans une interview, sans donner le nom de la société, mais il s’agit de Volkswagen. Volkswagen a une usine dans la région, et on suspecte Pékin de maintenir enfermés un million de Ouïghours dans des camps de rééducation ou de les forcer au travail.
C’est un tournant pour l’Allemagne, qui n’avait jamais pris ce genre de décision – et il n’est pas indifférent que Robert Habeck soit écologiste. Entre parenthèses, c’est plus courageux que la très médiocre mission récente de l’ONU dans le Xinjiang. Fin de la parenthèse. On le sait, le développement industriel de l’Allemagne a été porté depuis 20 ans par la Chine, et Volkswagen est le second constructeur mondial.
Pour le dire simplement, Pékin ne va pas apprécier.
Mais c’est aussi un tournant, pour la Chine, qui rencontre en ce moment des difficultés
Des difficultés démographiques, on en a souvent parlé ici, et des difficultés économiques. Une des caractéristiques des régimes autoritaires est qu’ils ne reconnaissent pas leurs erreurs, et la stratégie zéro Covid-19 est clairement une erreur avec le variant actuel du Covid-19.
Hier, un allègement du confinement de Shanghai et des mesures restrictives à Pékin a été confirmé.
Mais l’économie a souffert et souffre encore énormément. Mercredi dernier, Li Keqiang, le premier ministre chinois, a plus ou moins reconnu que le gouvernement était perdu (le mot n’est pas trop fort), c’était dans une conférence en ligne avec 100.000 hauts fonctionnaires chinois. Et Pékin a un problème urgent à résoudre : réussir la récolte des céréales cet été.
La Chine à la peine, on n’a pas l’habitude de dire çà ….
Ce qui est frappant, quand on parle à un certain nombre d’entreprises, c’est qu’elles y gèlent leurs investissements, on sent qu’une page se tourne.
Attention à ne pas exagérer les mouvements que l’on a sous les yeux : la Chine reste le plus grand marché du monde et l’usine du monde dans maints domaines.
Mais le phénomène majeur de notre époque, qui est que la politique redevient plus importante que l’économie dans les relations internationales, ce phénomène a des conséquences majeures.
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