

On pourrait se demander si crise il y a, vu les résultats pour le début d'année publiés par les banques françaises et européennes.
- Renaud Honoré journaliste
C’est un peu comme aux Jeux Olympiques, il y a des annonces de record tous les jours : en fin de semaine dernière, BNP Paribas annonçait le meilleur résultat trimestriel de son histoire. Hier, c’est la Société Générale qui disait n’avoir pas réalisé un telle performance depuis 2016. Alors il faut quand même se rappeler qu’il y a à peine 6 mois, on était loin de sabrer le champagne.
A l’époque, les quatre banques françaises cotées en Bourse (c’est-à-dire BNP Paribas et Société Générale, mais aussi Crédit Agricole et Natixis), et bien elles avaient affiché un bénéfice pour 2020 divisé par deux du fait du Covid. Alors, depuis, la crise sanitaire a perduré, mais les établissements bancaires semblent désormais en avoir effacé les stigmates financiers. Leur image sort même relativement indemne de cette période, surtout si l’on compare avec la précédente crise de 2008.
A l’époque, les banques étaient celles qui nous avaient poussé dans le précipice. Rien de tout cela depuis un an, Bruno Le Maire ne cesse au contraire de les féliciter pour avoir largement distribué les prêts garantis par l’Etat qui ont permis aux entreprises de traverser les turbulences. Le ministre de l’Economie a préféré réserver le rôle du méchant aux assureurs, longtemps accusés de ne pas assez aider les commerces. Les banquiers ne s’en plaindront pas.
Comment expliquer ce redressement spectaculaire des comptes des banques
Et bien tout simplement parce que la crise du Covid s’est pour le moment révélée moins meurtrière que prévue pour les entreprises. Vous vous en souvenez, il y a un an, on annonçait une vague imminente de faillites, et les banques avaient passé d’énormes provisions pour faire face à de possibles impayés. Mais c’est comme dans Brice de Nice, la vague n’arrive toujours pas : l’an dernier on a compté environ 35.000 faillites contre 50.000 une année normale, et les dernières prévisions ne sont pas alarmistes pour le moment. Cela renforce les banques, qui voient également l’activité de leurs clients bondir.
Les opérations de rachats des entreprises sont reparties, et les particuliers profitent à plein des taux bas des crédits immobiliers. Est-ce que cette envolée des bénéfices peut continuer ? Et bien pour le moment, les banques devraient continuer de profiter d’une croissance de l’économie mondiale qui s’annonce solide en 2021, malgré le variant delta.
Mais attention, la crise n’a pas effacé les problèmes structurels dont elles souffrent. On les connaît : des nouveaux acteurs venus du monde numérique qui veulent leur tailler des croupières, et des taux d’intérêts bas qui écrasent leurs marges. Cela a poussé les banques ces dernières années à fermer de nombreuses agences, ce qui devrait continuer. D’ailleurs la Société Générale a annoncé hier qu’elle voulait accélérer la fusion de son réseau avec celui de sa filiale Crédit du Nord, qui devrait se traduire par 600 agences en moins.
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