

Deux grands groupes français, Renault et Carrefour, ont présenté hier leurs nouvelles stratégies. Renault se met en ordre de bataille pour la voiture électrique et Carrefour s'adapte à un monde où l'inflation va durer.
L’automobile et la grande distribution, voilà deux secteurs où les entreprises françaises sont extrêmement puissantes et deux secteurs en même temps extrêmement bousculés.
L’automobile : il y a cinq ans, souvenez-vous, le grand sujet, c’étaient les voitures autonomes. On n’en parle plus parce que LE grand sujet aujourd’hui, c’est le passage à l’électrique.
La grande distribution : il y a cinq ans, souvenez-vous, le grand sujet, c’était le e-commerce (commander et se faire livrer ses courses via Internet). C’est encore le cas, mais LE vrai grand sujet aujourd’hui, c’est l’inflation.
Une inflation à laquelle, disons-le au passage, les patrons du secteur ne croyaient pas du tout à l’été 2021.
Confrontés à ces chocs qui secouent bigrement, Renault et Carrefour cherchent les bonnes réponses et enchaînent les révisions stratégiques.
Renault filialise ses voitures électriques (çà c’est la cuisine interne) mais, surtout, comme tous ses concurrents, vend pour l’instant des voitures électriques à des prix élevés parce que la technologie est chère – alors que la marque a longtemps été considérée comme populaire. Le risque et la réalité, pour le groupe, est de ne plus s’adresser qu’aux clients dont le portefeuille est bien rempli.
Eh bien, à l’inverse, Carrefour, dont l’image a longtemps été haut de gamme, redescend (si on peut dire) vers des produits moins chers et va encore supprimer en rayon entre 20 et 40% de ses 55.000 références-produits. En poussant le bouchon, on peut dire que c’est le retour à l’hypermarché de Saint-Géneviève des Bois ouvert en 1963, 1er du genre ! Carrefour va aussi amener en France son hard-discounter brésilien.
Dans les deux cas, la prise de risque est réelle, c’est presque une question de survie, comme en témoignent les cours de bourse, en baisse depuis 5 ans.
Quelles conclusions tirez-vous de ce parallèle (audacieux !) ?
Un : diriger et piloter les grandes entreprises aujourd’hui est compliqué. Inflation, énergie, climat, technologies, nouveaux consommateurs : rarement les équations ont été aussi compliquées pour Luca de Meo (Renault) et Alexandre Bompard (Carrefour), qui semblent remonter la pente et trouver la bonne direction. Une chose sûre : Le pilotage ne peut être que collectif – la période Carlos Ghosn autocrate est vraiment terminée.
La seconde conclusion est une question : longtemps, l’objet de toutes les attentions, c’était la classe moyenne … Mais existe-t-elle encore ou s’est-elle effilochée comme le cœur d’un sablier, entre le haut et le bas ? Mystère. Voilà aussi pourquoi les entreprises cherchent leur nouveau Nord.
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