

Emmanuel Macron devra rapidement trancher deux points ; faudra t-il ou pas cibler davantage les aides au pouvoir d'achat sur les ménages en difficulté pour ne pas engager des dizaines de milliards d'euros ? Réformer les retraites est-il le meilleur moyen d'utiliser son capital politique ?
Chacun le constate : le paysage économique, de vert a viré au gris, avec une inflation inédite et une croissance flageolante. Dans un instant, le gouverneur de la Banque de France donnera son diagnostic et évoquera la réponse monétaire européenne.
Mais au niveau français, oui, il y a deux questions.
La première est de savoir comment et jusqu’où il faut soutenir le pouvoir d’achat
Beaucoup a été mis en place depuis l’automne : gel des tarifs du gaz et de l’électricité, ristourne sur les carburants, chèque pour ceci ou pour cela. Le problème est que si ce qui était provisoire est prolongé, cela va coûter des dizaines de milliards d’euros. La question posée à Emmanuel Macron est de savoir s’il ne faut pas réduire la voilure et réserver les aides à ceux qui en ont vraiment besoin.
Soyons concrets : un automobiliste qui, pour travailler, effectue 50 kms par jour du lundi au vendredi, a vu sa facture de gazole augmenter, entre avril 2021 et avril 2022, de 30 euros par mois.
Ce n’est pas rien, mais (soyons un brin provocateur) cela ne met pas sur la paille des dizaines de millions de Français. Trop souvent, le débat politique et médiatique considère que la quasi-totalité des Français vivent sous le seuil de pauvreté.
Mais le président aura-t-il le courage de cibler ses aides pour que le quoi qu’il en coûte ne devienne pas la nouvelle normalité ?
Et seconde question ? Elle concerne les retraites
Si sa majorité sortante gagne, Emmanuel Macron pourra considérer qu’il a vraiment la légitimité pour agir. Mais dans un paysage international, économique et politique tendu, est-ce sur ce sujet, les retraites, qu’il devra utiliser le plus rapidement son capital politique ? N’est-ce pas d’abord sur l’éducation, le plein emploi, la santé ou le climat, plus déterminants pour l’avenir, qu’il y a aussi des décisions difficiles à prendre ? C’est une vraie question.
Le capital politique s'épuise souvent assez vite. S’il tient absolument à réformer les retraites (ce qui est probable), il devra convaincre :
1-que le besoin financier est réel ou que le besoin que la France travaille plus est réel : ces besoins sont réels mais le candidat n’a pas été très clair sur ses objectifs jusqu’à présent, et se contenter de dire que l’objectif est de rassurer Bruxelles, les Allemands ou la planète Mars serait totalement contre-productif ;
Et 2- il aura à convaincre que sa réforme ne sera pas dure uniquement pour les salariés qui ont commencé à travailler autour de 20 ans. Y aller ou pas et si oui comment et avec quel levier (âge légal, ou durée de cotisation), ce sera la décision la plus lourde de son début de mandat.
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