Le président russe gagne actuellement sur tous les tableaux, en tous cas à court terme : il vend son pétrole et son gaz, et très cher. Le seul moye de sortir de ce piège est d'afficher clairement les étapes de la fin de la dépendance européenne.
Il fallait entendre le maître du Kremlin s’adresser, hier, aux dirigeants de son secteur pétrolier – c’était retransmis à la télévision russe. C’était quelque part entre de l’ironie et de la moquerie.
En souriant, Poutine a expliqué en substance que les Européens parlent de sanctions et d’embargo, mais que le résultat est de faire flamber le cours du baril de pétrole. Cela nous rapporte énormément d’argent, a-t-il insisté. Avant d’ajouter : de toutes façons, l’Europe n’arrivera pas à se passer de nous.
C’est vrai que les hésitations des Vingt-Sept, qui alternent entre déclarations martiales et incapacité à se mettre d’accord (à cause de la Hongrie), créent de l’incertitude, laquelle incertitude fait flamber les cours.
Sur le gaz, maintenant, le piège est encore plus serré, avec des prix qui ont doublé. Moscou a d’abord imposé sa volonté sur le paiement en roubles du gaz.
Ensuite, chaque jour, l’Europe paie 200 millions de dollars à la Russie, qui profite, là aussi, de chaque événement
La Pologne et la Bulgarie coupent le gaz russe ? Le prix monte parce que tout le monde se demande « à qui le tour ». On parle d’embargo, même topo, çà monte.
Un bout de pipeline n’est plus utilisé, et revoilà un coup de chaud. Au fond, c'est l'inverse de ce qui se passe sur le terrain militaire: sur l'énergie, Vladimir Poutine a gagné la première manche, résume le spécialiste des Echos Vincent Collen parce que, même si les Européens commencent à acheter moins de gaz, l’explosion des prix fait plus que compenser la baisse des volumes.
A partir de là, il y a deux scénarios contradictoires
- Scénario un, l’Europe doit arrêter de parler d’embargo et reconnaître qu’elle ne peut pas se passer à court terme de gaz. Et les cours baisseront.
- Scénario 2, le meilleur, l’Europe annonce clairement son calendrier de sortie du gaz russe, avec des échéances qui calent les choses. Elle n’en est hélas pas là : aujourd’hui, une nouvelle fois, elle va répéter « on sortira le plus vite possible ».
- Depuis février, l’Europe pense l'emporter sur les deux tableaux (beaucoup parler des sanctions et gagner du temps sur le gaz) ; en fait, c’est Poutine qui, à court terme, l'emporte (il livre du gaz et remplit son tiroir-caisse).
En attendant cette clarification, la France devrait préparer un plan d’économie pour la consommation de gaz sur son propre sol.
Et en attendant, l’Allemagne reconnaît son erreur
Le ministre des Finances, Christian Lindner, a reconnu hier que la stratégie énergétique allemande toutes ces dernières années était une grave erreur. Une stratrégie pourtant montrée en exemple depuis 15 ans par les écologistes français alors que donc elle était contre-productive géopolitiquement et climatiquement.
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