

Pas de réforme pour EDF, mais l’entreprise retrouve de l’air, grâce, notamment, à la hausse des prix de l’électricité.
- Etienne Lefebvre journaliste
Mercredi c’était la soupe à la grimace avec la suspension de la grande réforme. Mais hier, ouf de soulagement, avec la présentation de résultats meilleurs qu’attendu.
EDF a d’abord profité d’un hiver assez froid, donc d’une forte demande, et puis surtout de la hausse des prix de l’électricité et du gaz, liée à la reprise
Cela commence à peser lourd sur les factures des clients, qui râlent, mais ça regonfle les marges de l’entreprise, avec plus de 3 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre
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. « On a de quoi voir venir », dit en substance le PDG Jean-Bernard Levy, alors que les finances étaient très tendues l’an dernier. On comprend mieux dès lors la décision du gouvernement de reporter la réforme d’EDF.
Seulement voilà, à plus long terme, le statu quo reste intenable. Et plus on attend, plus ce sera difficile, car le fameux « mur d’investissements » se rapproche.
Qu’est-ce qui coince avec cette réforme ?
Beaucoup de choses ! Le point clef, c’est de dégager plus de moyens pour financer le renouvellement du parc nucléaire, vieillissant, mais aussi investir davantage dans le solaire et l’éolien. Sinon EDF sera distancée. Et finira en deuxième division, dixit la direction. La solution, c’est de vendre plus cher l’électricité issue des centrales nucléaires, dont le prix est régulé. Pour cela, il faut l’accord de Bruxelles, car ça s’apparente à une aide d’Etat.
Et pour obtenir le feu vert, il faut scinder l’ancien monopole, en isolant notamment le parc nucléaire afin qu’il bénéficie à tous les concurrents. Mais EDF comme l’Etat actionnaire veulent garder un groupe assez intégré. Alors que les syndicats crient déjà au démantèlement.
Donc ça coince.
Par ailleurs, la Commission européenne a elle-même la pression, parce que d’autres Etats, comme l’Allemagne, refusent tout cadeau à EDF et au nucléaire.
Rendez-vous en 2022 ?
Oui maintenant c’est plié, d’autant que la tension monte sur les prix de l’énergie : électricité, gaz, pétrole, qui est au même niveau qu’avant la crise des gilets jaunes. Pousser une réforme qui pèserait sur les tarifs de l’électricité avant la présidentielle, cela aurait été d’ailleurs très risqué. Le blocage de Bruxelles avancé par le gouvernement a donc aussi bon dos.
Mais pour le prochain locataire de l’Elysée, ce sera vraiment un dossier piège. Surtout si une réforme des retraites est menée en début de législature, et qu’elle comprend un relèvement de l’âge de départ et la fin des régimes spéciaux, notamment… d’EDF !
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