Il y a actuellement une grosse campagne de publicité des opérateurs télécoms sur la 4G. Une révolution technique ou juste un coup de com’ ?
C’est une révolution technologique ET un coup de com. Oui, il y a une campagne massive, avec des spots télé, des pages de pub dans les journaux. Orange vient, par exemple, de tirer très fort en annonçant l’ouverture de la 4G dans 50 villes. SFR l’avait précédé. Cette campagne correspond à une bagarre commerciale énorme entre Orange, SFR et Bouygues, qui veulent s’imposer comme la référence. Orange vise un million de clients en 4G d’ici la fin de l’année et 30% du territoire couvert. Mais c’est aussi une révolution technique.
C’est un peu ce qu’on nous dit à chaque fois, non ?
C’est vrai qu’on veut nous faire croire à chaque fois que l’on passe du cheval à la Ferrari ! Mais la 3G, c’est mieux que la 2G, et la 4G c’est encore autre chose. Jusqu’à maintenant, les réseaux de téléphonie mobile étaient surtout conçus pour transporter de la voix, la 4G, c’est pour transporter de la data, des données. Grosso modo, la vitesse de téléchargement est multipliée par dix. Ou plus : pour un film, on passe de quelques heures à quelques minutes de téléchargement, même en roulant à 100 kms/heure. Bref, comme chez soi sur son PC.
Quels sont les enjeux économiques de cette nouvelle étape ?
Pour les consommateurs, ceux qui consomment des vidéos, de films, des musiques, c’est tout bénéfice, surtout que le surcoût sera faible sur le forfait. En revanche, il faut un téléphone compatible. Maintenant, pour les opérateurs téléphoniques, l’enjeu est considérable parce que la 4G, c’est le moyen de retrouver de l’air après l’arrivée de Free. Il faut savoir qu’à cause de la baisse des prix imposée par Free, le chiffre d’affaires des opérateurs a baissé de 10% fin 2012 et la facture en moyenne des clients de 14%. Orange, SFR et Bouygues espèrent redorer leur image de marque avec la 4G.
Bon, mais est-ce que tout cela est bon pour l’économie dans son ensemble ?
En réalité, il est difficile de savoir quel est l’impact réel sur la croissance de l’explosion – et le mot est faible – des usages d’Internet, fixe ou mobile d’ailleurs. Des ces milliards et milliards de minutes d’échanges, de téléchargements, d’achats en ligne, de temps passé devant nos petits moyens et grands écrans. Dans tout cela, qu’est ce qui change nos modes de vie, les facilite, et qu’est-ce qui améliore l’économie ? Il y a peu d’études, une a cependant estimé qu’Internet représente un quart de la croissance. Comme nous sommes en stagnation depuis six ans, on peut être sûr que sans ces révolutions nous serions en récession.
Un détail enfin : on vient d’apprendre combien nous échangeons de SMS par mois ... alors ?
Nous en envoyons désormais en moyenne 253 par mois, évidemment un record ; en moyenne, sachant que les plus âgés ne sont pas les plus accros, on doit tourner à 500 ou 600 pour les ados. Cela laisse rêveur. On peut parfois se demander s’il n’y a pas un peu dans tout ça, d’énergies –dans tous les sens du terme- perdues.
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