La Chine déjà dans le monde d’après

France Inter
Publicité

Ce matin, la Chine imagine déjà à quoi ressemblera son économie en 2025.

Oui Ali, le Parti communiste chinois ouvre ce lundi un grand conclave qui doit poser les bases du nouveau plan quinquennal pour son économie, une feuille de route en fait pour les années 2021-2025. Depuis Mao en 1953, c’est la quatorzième fois que le pays se lance dans ce genre d’exercice, mais il faut bien avouer que celui de cette année résonnera drôlement par rapport à nos préoccupations d’Européens. 

En Europe, on a un peu l’impression ces derniers temps de fredonner le titre d’une des plus fameuses chansons du groupe IAM – « demain c’est loin » – avec des chefs d’entreprise qui ont du mal à se projeter au-delà de quelques semaines à cause de la Covid-19. Ce n’est pas la même chose en Chine : là-bas, pas de deuxième vague à l’horizon pour le moment si on en croit les chiffres officiels, et surtout une économie qui repart déjà fort. Le pays devrait d’ailleurs être le seul à échapper à la récession cette année selon le FMI. Forcément, cela laisse un peu plus de sérénité pour se projeter jusqu’en 2025.

Publicité

Cela veut-il dire que le chemin est dégagé pour l’économie chinoise ?

Pas vraiment. En fait ce nouveau plan quinquennal est censé répondre aux grands changements qui menacent son modèle économique. On sait que Trump a lancé une guerre commerciale qui ne s’arrêtera pas forcément avec son départ éventuel de la Maison blanche, et l’Europe elle-même, la gentille Europe, commence à se défier de Pékin. 

Du coup, la Chine est décidée à être moins dépendante de ses exportations et à être plus autonome en matière technologique. Vu l’extraordinaire taille de son marché domestique, elle a quelques atouts pour y arriver. Un exemple : la Chine est le seul pays au monde à avoir su se défaire de l’emprise des GAFA, avec des géants de la tech qui s’appellent là-bas Alibaba ou Xiaomi. 

Bon, alors bien sûr, si ce virage plus autocentré se confirme, cela a de quoi inquiéter des grands pays qui exportent en Chine, comme l’Allemagne. Mais prudence tout de même, car cela fait en réalité plusieurs années que Pékin dit vouloir rééquilibrer son modèle économique. Entre autres problèmes, il faudrait notamment s’attaquer aux fortes inégalités qui se sont développées dans le pays depuis 40 ans, car si vous voulez vous appuyer sur votre marché domestique, encore faut-il que tout le monde ait les moyens de consommer. A ce stade, cela ne semble pas la priorité du Parti communiste chinois.

L'équipe