On va parler d’un autre grand projet d’infrastructure qui avance cahin-caha : la liaison rapide entre Paris et Roissy-Charles-de-Gaulle.
Comme pour Notre-Dame-des-Landes c’est un projet dont on parle depuis longtemps, très longtemps. Mais à la différence de Notre-Dame des Landes il ne suscite pas d’opposition féroce, il y a même un consensus en sa faveur. La vraie difficulté est de trouver l’argent nécessaire -ce qui n'est pas rien. Il s’agit de construire une liaison rapide entre Paris (la gare de l’Est) et l’aéroport de Roissy, en vingt minutes, avec un départ tous les quarts d’heure. La ligne de RER B est saturée et pas toujours fiable pour les millions de passagers qui débarquent en France. Une étape importante sera franchie demain, avec l'adoption en conseil des ministres d'une ordonnance pour avancer.
Si tout se passe bien, les étapes devraient s’enchaîner.
Valls, Macron, Fabius, Ayrault mais aussi Ségolène Royal, Guillaume Pépy pour la SNCF et surtout Augustin de Romanet, le patron d'Aéroports de Paris poussent ce chantier dont Paris a grand besoin. Si tout se passe bien donc, il y aura une enquête publique ce printemps, un bouclage du financement en 2017, un premier coup de pioche en 2018, pour une entrée en fonction en 2023, quinze ans après le relancement du projet. Cela semble fou, mais on retombe sur le financement…
Parce que c’est là que le bât blesse…
Le projet est évalué à 1,6 milliard d’euros. Qui va payer ? L’Etat ne veut pas mettre un sou et on sait que le réseau ferré et la SNCF sont dans le rouge. Ce sont donc les touristes, -ce sera 24 euros le trajet-, mais aussi tous les passagers qui atterriront à Roissy, avec une taxe de un euro par billet. Sans doute un peu l'Europe via le plan Juncker. Hier, l’autorité de régulation du ferroviaire a toussé un peu sur le montage financier.
Il y a aussi quelques habiletés politiques.
Certains élus de la capitale ne veulent pas entendre parler d’une voie aérienne pour franchir la Porte de la Chapelle, craignant des nuisances pour des riverains. Mais l’enfouissement coûterait cher. Du coup, ce sera aérien, mais Anne Hidalgo a accepté qu’on ne lui demande pas officiellement son avis pour ne pas avoir à dire non pour des raisons politiciennes. Je traduis : au nom de l'intérêt général, elle ne demande pas l'organisation d'un référendum.
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