La nécessaire réforme du droit du travail

France Inter
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Une fois que l'on a salué l'ambition du rapport Combrexelle et du gouvernement (et il faut le faire, tout le monde le fait, et on le fait), il y a un doute sur la capacité des partenaires sociaux à changer eux-mêmes les choses qui ne fonctionnent pas sur le marché du travail avec les pouvoirs qui leur seront confiés. D’abord parce que certains d'entre eux n'achètent même pas l'idée de la réforme. Laurent Berger, de la CFDT, et Pierre Gattaz, du Medef, disent banco ; mais ils sont bien seuls. Cela ne suffira pas. Ensuite parce que François Hollande puis Manuel Valls ont exclu du champ du changement le temps de travail et le contrat de travail. Ce n’est pas rien ; c’est même une grande partie de la vie concrète des entreprises. Enfin, même si les acteurs étaient prêts, le processus va prendre du temps, alors que c’est maintenant que le chômage est élevé et que des emplois ne trouvent pas preneurs. Le risque est que le rapport Combrexelle ne soit pas au droit du travail ce que le rapport Gallois a été sur la compétitivité il y a trois ans. Car oui, la prise de conscience du problème est là, elle est même exceptionnelle, mais le changement concret sera une autre paire de manches. Bref, pour résumer : il est bien tard dans le quinquennat.

A très court terme, la balle revient, selon vous, dans le camp du gouvernement.

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Il ne faudrait pas que ce vaste chantier de social-démocratie rhénane donne un prétexte au gouvernement pour se défausser sur quelques points concrets de blocage qui freinent l’économie maintenant . Exemple ? Les patrons de PME qu'on le veuille ou non sont tétanisés par le coût de la séparation d'un salarié en cas de coup dur. Et n'embauchent pas. La loi Macron avait prévu d'encadrer les indemnités prud’homales pour que les choses soient claires ; le conseil constitutionnel a recalé la copie technique ; depuis, on n’en parle plus. Un détail ? Peut-être. Mais lâcher la proie de la réforme concrète qui change la donne tout de suite au nom de l’ombre de la réforme parfaite mais d’après-demain serait une erreur. Le gouvernement ne peut renoncer à agir.

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