La question des langues étrangères au collège

France Inter
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L'édito éco de Dominique Seux. Najat Vallaud-Belkacem viendra défendre sa réforme du collège tout à l'heure à 8H20 sur France Inter … Un point de sa réforme concerne l'économie : c'est la question des langues étrangères.

L'enseignement scolaire, surtout au début du collège, n'a pas pour but principal de préparer à la vie professionnelle. Mais il y contribue. Et les jeunes auront besoin de maîtriser plusieurs langues : pour comprendre le monde, ses cultures, voyager, mais aussi pour la vie en entreprise ou ailleurs qui sera la leur plus tard. Or, les résultats ne sont pas bons. En bref, l'enquête européenne ESLC (je peux jargonner aussi !) publiée en 2012 montre que les Français sont en bas du tableau sur les langues. Cela s'est amélioré pour les jeunes passés par l'enseignement supérieur, mais en dehors de cela nous sommes nuls à côté des Suédois ou des Allemands. C'est le point de départ de la réforme, évitons les faux procès. Après, il faut voir si la méthode est la bonne.

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L’étude de la seconde langue passera de la 4ème à la 5ème.

C’est une bonne idée qui ne vient pas de nulle part. En décembre, Najat Vallaud-Belkacem a reçu un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale (dont on conseille la lecture) qui pousse à cela. C’est une étape de plus après le début d’apprentissage de la 1ère langue dès le primaire. Les élèves auront 2 heures et demi de LV2 par semaine de la 5ème à la 3ème. Très bien. On élève le niveau de tout le monde.

Mais on supprime aussi les classes bilangues et les sections européennes.

C'est là que cela se gâte. Les classes bilangues concernent 169.000 6èmes, 16% des élèves. Les sections européennes, 120.000 collégiens. Ce n'est pas rien ! Le signal envoyé est désastreux : supprimer ce qui évoque l’Europe au moment ou l'idée européenne est à mal est malsain. Ensuite, les classes bilangues résultent d'accords internationaux, notamment avec l'Allemagne. Concrètement, la suppression des bilangues va faire baisser le nombre d'heures de langues pour les élèves concernés, donc le niveau. Là, c’est un nivellement par le bas.

La ministre dénonce l’élitisme de ces dispositifs...

Ce qui est curieux est que le rapport de l'inspection générale ne le dit absolument pas. Une grande partie des groupes bilangues sont mélangées au milieu d'autres classes. Je le cite : Dès lors que les élèves de ces dispositifs sont répartis pour les autres enseignements dans plusieurs classes, ils y constituent une tête de classe au bénéfice de tous. Et si ils ne sont pas mélangés, c’est l’élitisme républicain, la méritocratie, l’émulation – ce n’est pas forcément l’élitisme social.

Conclusion ? Le gouvernement, parce qu’il avait une bonne idée de départ, mais ne savait pas comment trouver des profs de seconde langue dès la 5ème, s’est remué les méninges pour trouver une justification intellectuelle (la lutte contre l’élitisme) pour cacher un problème bassement budgétaire. Mais au final les langues y perdront et l’enseignement privé y gagnera.

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