Depuis octobre, il y a une lassitude devant l’incertitude : comment anticiper investissements, emplois et résultats quand tout peut être remis en cause du jour au lendemain et va durer peut-être encore six mois ?
Depuis huit mois, tous, nous alternons avec un jour des mauvaises nouvelles, l’ascenseur qui descend : le nombre de morts, la saturation des hôpitaux, la maladie plus ou moins grave de tel ou tel proche... Et puis le lendemain, voilà des bonnes nouvelles, l’ascenseur remonte : le confinement qui marche, un nouveau traitement et les vaccins qui arrivent ; et puis on recommence, des hauts et des bas.
En ce moment, l’espoir revient, mais les Français sont fatigués psychiquement. Eh bien, fatigués, les acteurs économiques le sont aussi, et c’est la nouveauté de cet automne.
Après la sidération du printemps, qui a tout congelé, l’été dernier, le moral était vraiment revenu dans les entreprises, avec une formidable énergie.
Mais depuis octobre, il y a une lassitude devant l’incertitude : comment anticiper investissements, emplois et résultats quand tout peut être remis en cause du jour au lendemain et va durer peut-être encore six mois ?
Diriger une entreprise aujourd’hui, c’est vivre des montagnes russes émotionnelles, managériales et financières plusieurs fois par semaine
Travailler dans une entreprise, c’est s’adapter sans cesse : un jour télétravail, un jour pas télétravail, un jour il y a des clients, le lendemain ils ont disparu ; parfois un jour en chômage partiel, parfois pas.
Et c’est pire pour les indépendants et les commerçants, puisque leur avenir et parfois leur survie économique sont en jeu. Pourquoi dit-on cela ? Parce que les 15 millions de retraités, les 6 millions de fonctionnaires et les millions de salariés qui travaillent dans des entreprises solides, bref tous ceux dont le revenu est garanti, tous ceux-là doivent se mettre un instant à la place de ceux pour qui ce n’est pas le cas, les petits patrons, les précaires et les autres – et ils doivent, nous devons mesurer notre chance.
Et au-delà, la leçon est que l’ascenseur prend aujourd'hui le chemin des bonnes nouvelles, mais que le minimum que les pouvoirs publics doivent à tous ceux qui vivent une double peur (sanitaire et économique), c’est de leur donner des perspectives, des horizons. Très concrètement, et par exemple, il faudrait que la décision sur la réouverture des petits commerces soit connue non pas la veille ou l’avant-veille, mais au moins quatre ou cinq jours avant.
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