Les négociations sur le prix du lait entre Lactalis et les producteurs ont repris ce matin...
Et on va tenter ce matin de se mettre dans la peau d’Emmanuel Besnier, le patron de numéro un mondial du lait, un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros – bref de jouer le contre puisque ce sont les producteurs mobilisés que l’on entend le plus ces dernières semaines. Défendre le point de vue de Lactalis, ce n’est pas évident puisque ce dirigeant ne parle pas, ne se montre pas et ne communique pas ses résultats. A partir de là, la tentation est de lui tomber dessus, et de défendre les producteurs -forcément petits- en difficulté. Qui de surcroît encaissent pour chaque litre de lait 28 centimes, le prix d’UNE cigarette.
Et pourtant…
Si on regarde les chiffres, on s’aperçoit que c’est en France que le lait est payé le plus cher aux producteurs, plus cher qu’en Irlande, Allemagne, qu’aux Pays-Bas, qu’en Pologne. Et que s’il y a des difficultés dans ces pays-là, cela n’entraîne pas de tollé général comme ici. Lactalis paie, c’est vrai, moins cher que les autres, mais Lactalis est davantage inséré dans le marché mondial : il faut savoir que la France exporte une partie élevée de sa production et que pour cela il faut s’adapter au prix mondial. L’actuel prix bas du lait, c’est la conséquence d’une production en hausse à cause de la fin des quotas européens et d’une demande en repli à cause de l’embargo russe et de la baisse des achats chinois – ce n’est pas français.
Quel est alors le problème des éleveurs ?
Leurs charges sont plus élevées qu’ailleurs, et le fond de l’affaire est qu’ils ne sont pas structurés pour peser économiquement face aux industriels qui transforment. S'ils pèsent politiquement, s'ils sont syndicalement organisés, ils sont des nains économiques. Contrairement aux céréaliers avec les grandes coopératives ou les producteurs de colza-tournesol. Lactalis négocie avec une soixantaine d’organisations de producteurs, d’OP pour les experts. Les éleveurs ont délégué le soin de la transformation à Danone, Lactalis ou Bel, ils se retrouvent démunis aujourd’hui. S’organiser et/ou produire moins, voilà les voies de sortie.
Est-ce que la situation va quand même s’améliorer ?
Oui, parce les prix au niveau mondial remontent, on le voit déjà en Nouvelle-Zélande et en Australie, les Chinois reprennent des achats. On comprend que les éleveurs sont malheureux mais on va vers le mieux.
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