
L’Allemagne a publié hier son bilan économique pour 2013. Et ce bilan prend le contrepied de quelques idées reçues sur notre voisin.
Oui, cela intéressera peut-être Jean-Marc Ayrault, votre invité, qui le connaît. Nous avons en tête sur l’Allemagne des clichés qui se révèlent plus ou moins exacts. Certains le sont, d’autres pas du tout - ou plus du tout. Prenons la croissance : nous savons la puissance économique allemande, mais c’est un pays qui en réalité n’a eu, lui aussi, qu’une croissance riquiqui en 2013, 0,4%. C’est mieux que la moyenne et que nous, mais ce n’est pas flambant même si c’est après des années 2010 et 2011 exceptionnelles. Pourquoi personne n’en parle ? Parce que le taux de chômage est très bas, autour de 5% - moitié moins que nous. L’Allemagne, on le sait, fait travailler tout le monde, mais beaucoup de monde travaille à temps partiel ou avec des bas salaires. Du coup, le taux de pauvreté dépasse 15%, un gros point de plus que nous. Vaut-il mieux avoir un emploi même mal payé que pas du tout ? C’est la question de fond mais la pauvreté est un problème préoccupant.
La deuxième idée reçue battue en brèche : l’Allemagne ne vit que par les exportations.
Ce qui est vrai est que nos voisins exportent plus de la moitié de ce qu’ils produisent ou assemblent – contre, pour avoir une idée, un quart dans le cas français. En revanche, le grand changement de l’année passée est que la croissance est désormais tirée par la consommation intérieure, plus par les exports. C’est tout le procès fait par les Etats-Unis et les Européens sur les excédents qui tombe à l’eau. Que se passe-t-il ? Après des années de diète, les salaires progressent. Ce qui est intéressant aussi est qu’un chiffre tord le cou à une autre idée reçue : celle selon laquelle l’Allemagne inonderait ses voisins avec ses produits sans rien leur acheter ; bref, qu’elle nous étranglerait.
Quand on regarde son excèdent commercial, un record de 200 milliards d’euros, supérieur à celui de la Chine -par comparaison, nous accusons un déficit de 60 milliards-, (quand on regarde cet excédent) on voit qu’un sixième seulement, 30 petits milliards, est réalisé sur la zone euro. Le reste, c’est avec la Chine, le Brésil etc. C’est peut-être l’accusation qui fait le plus pschitt !
Dernière surprise : le nombre de personnes en Allemagne ne baisse pas, il augmente même.
On sait que la natalité est basse ; mais l’Allemagne a mis en place une immigration massive, de 400.000 l’an dernier – dix fois plus que la France – pour compenser cette réalité. Ces immigrants viennent des pays de l’Est mais aussi d’Espagne, du Portugal. Le résultat étonnant est que la population a augmenté, à 81 millions. C’est une surprise ! Au total, on voit que le fameux modèle allemand est en train de changer mais sans perdre apparemment de sa force. Patrick, est-ce que vous permettez pour finir un message personnel ?Je vous en prie ...
L’Insee devrait s’inspirer pour les non-francophones de ce que fait son équivalent allemand, Destatis, en langue anglaise pour les non-germanophones. Il y a une marge de progrès. C’est dit !
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