Le gouvernement italien va envoyer aujourd’hui une lettre à la Commission européenne pour clarifier son budget. Que faut-il en attendre ?
Une Italie raide dans sa botte.
Petit rappel des épisodes précédents. A Rome règne un gouvernement baroque composé de la Ligue de Matteo Salvini, d’extrême-droite, et de l’inclassable Mouvement Cinq Etoiles de Luigi di Maio. Ce gouvernement a décidé un budget en déficit de 2,4%, alors que l’équipe précédente avait promis un trou limité à 0,8%. Ça fait un sacré écart.
Jeudi dernier, le commissaire Pierre Moscovici, que vous entendrez à cette antenne dans une demi-heure, a demandé des éclaircissements pour aujourd’hui midi. Selon toute vraisemblance, Rome va expliquer que c’est comme ça et pas autrement. Demain, Bruxelles devrait donc demander à l’Italie de réécrire son budget – c’est une grande première dans l’histoire de l’euro.
Une négociation va ensuite se dérouler en trois dimensions. Entre Rome et Bruxelles d’abord. Entre Rome et Rome ensuite, car les ministres du gouvernement italien sont loin d’être d’accord entre eux. Entre Rome et les investisseurs enfin, car ce déficit il va bien falloir le financer.
Comment cela va-t-il finir ?
Le plus logique, ce serait que l’Italie sorte de l’euro, ce qui ferait exploser la monnaie commune.
Comme personne apparemment ne veut ce scénario, il va falloir que quelqu’un mange son chapeau. En fait, un peu tout le monde va devoir le faire.
Le gouvernement italien va sans doute accepter un déficit un peu moins gros, quitte à trafiquer les chiffres d’une manière ou d’une autre.
La Commission européenne va devoir accepter que l’engagement à 0,8% ne soit pas tenu.
La Banque centrale européenne fera tout ce qu’il faudra pour éviter une catastrophe financière si jamais plus personne ne veut acheter de dette italienne.
C’est tout le cadre de la zone euro réécrit en 2011 qui va ainsi être contourné. Au risque de renforcer la tentation dans les pays du nord, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, de sortir de l’euro – et donc de le faire exploser.
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