Le piège grossier de l'abstention

France Inter
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Ce matin : retour sur le sens de l’abstention au premier tour des législatives.

Depuis dimanche, on entend souvent voire beaucoup que la victoire du parti d’Emmanuel Macron est entachée par le score (score entre guillemets) de l’abstention, plus de 50%. On entend même parfois que la légitimité de ce qu’il proposera sera douteuse. Ce procès est étrange. D’abord parce que faire parler ceux qui ont choisi de se taire est audacieux, c’est une façon bizarre de mettre sur le même plan les votants et l’école buissonnière. Ensuite parce qu’il y a un exemple d’élections qui concerne une bonne partie des Français, élections où l’abstention est élevée et pourtant personne ou presque n’en conteste les résultats. Ce sont les élections professionnelles syndicales. En mars, les résultats des scrutins pour l’élection des délégués du personnel et aux comités d’entreprise ont été publiés. Vous vous souvenez, on a appris que la CFDT est devenue, au plan national, le premier syndicat du privé, devant la CGT. Plus de 13 millions de salariés étaient inscrits. Un peu plus de cinq millions ont voté : taux de participation : 42,76%. Moins d’un salarié sur deux. Et dans les petites entreprises, vous vous doutez que le taux est bien plus bas. La CGT, la CFDT, FO etc. sont-ils sans légitimité ? Leur pose-t-on la question sans cesse, qu’il s’agisse des médias, des politiques ou des interlocuteurs patronaux dans les entreprises ? Non, en fait non.

Quelle conclusion en tirer ?

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Que ce type d’analyse est une manière, inconsciente ou consciente, de contester par avance ce qui sera proposé par le gouvernement. Et bien évidemment la réforme du droit du travail, mais aussi ensuite les réformes fiscales de l’automne. C’est probablement stupéfiant pour beaucoup de ceux qui font ou commentent la politique et l’économie depuis longtemps, mais les Français qui se sont exprimés ou ne se sont pas opposés, le 11 juin encore plus que le 7 mai, ont dit OK à la suppression d’une partie de l’ISF, Macron ne l’a pas caché. C’est logique, cela tourneboule les esprits ! Alors, le président a-t-il pour autant un blanc-seing ? Non. Parce qu’il devra tenir compte des abstentionnistes et qu’’il y a évidemment des opposants cachés aujourd’hui parmi eux qui sortiront du bois demain. Il a de l’élan mais il devra marcher sur des œufs.

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