Le surprenant budget britannique

France Inter
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Ce matin : les trois surprises du budget britannique, présenté hier.

Georges Osborne, le ministre des Finances de David Cameron, a dévoilé hier un projet de budget 100% conservateur puisque les conservateurs exercent seuls le pouvoir depuis leur large victoire électorale du printemps. 100% monocolore, ce n’était pas arrivé depuis près de vingt ans… L’objectif est de réduire les dépenses de l’Etat providence. De combien ? De 10% en quatre ans. Imaginez un peu ce que cela donnerait en France ! Il y a des baisses d’impôt et des coupes claires dans les crédits des ministères et certaines aides sociales. Mais, vous l’avez dit, ce qui est intéressant également, c’est de voir que le cas britannique est plus compliqué qu’on ne le croit souvent. Il faut aller au-delà de l’image un peu caricaturale d’un pays, soit livré à la précarité généralisée, soit qui serait un modèle pour tous les autres pays européens.

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Donc, première surprise ?

Le salaire minimum, de l’autre côté de la Manche, sera relevé, cela a été annoncé hier, de plus de 10%. En avril, le smic sera à 10 euros de l’heure. Vous avez bien entendu … 10 euros ! C’est-à-dire un peu au-dessus du smic français, qui est à 9,61 euros. Les trois plus grands pays européens ont donc désormais des salaires minimum qui ne sont pas plus si éloignés que cela. Mais en Allemagne comme en Grande-Bretagne, les jeunes sont traités à part.

Deuxième surprise, sur le niveau du déficit public…

Mais oui, parce que l’on imagine toujours que nos voisins anglais vont bien parce qu’ils ont laissé filer les comptes -pour parler vulgairement. Eh bien, le budget 2015-2016 se fixe comme objectif un déficit de 3,7% … inférieur à ce que l’on a en France aujourd’hui. Il faudrait voir si les périmètres sont les mêmes, mais quand même, on vient de loin, de beaucoup plus haut. Juste après la crise financière, Londres a creusé ses comptes, bien plus que dans la zone euro, et a dévalué sa monnaie. Maintenant, Londres profite à plein des recettes fiscales d’une croissance forte. Voilà de quoi nourrir, si vous voulez, l’éternel débat sur la comparaison des politiques économiques.

Dernière surprise, sur l’Etat providence, plus généreux qu’on ne le croit...

Oui, mais là ça va changer. Aujourd’hui, le système d’aide aux travailleurs pauvres est très puissant, il avait été mis en place par Tony Blair. Plus de quatre millions de ménages bénéficient d’un crédit d’impôt, un chèque qui atteint plus de 10.000 euros par an pour une famille avec enfants. Plus de 40 milliards d’euros y sont consacrés. C’est beaucoup beaucoup plus que notre prime pour l’emploi et notre RSA. Mais cela va changer parce que beaucoup de points vont être rabotés. Et c’est pour cela qu’on ironise, chez nos voisins, sur ce gouvernement qui coupe les aides sociales pour rééquilibrer son budget tout en augmentant le coût du travail des entreprises avec le Smic pour compenser sa rigueur … Ne cherchez pas à comparer avec la France, c’est vraiment impossible !

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