Emmanuel Macron a donc décidé d’appuyer sur le bouton « Go » pour la réforme du prélèvement à la source de l’impôt.
C’est une décision logique et on avait d’ailleurs fait ce pari hier à ce micro. Logique parce qu’il était bien tard pour reculer quand 38 millions de Français ont reçu ou vont recevoir le courrier de l’Etat leur expliquant la réforme.
Un recul aurait ridiculisé et l’Etat et un président élu sur la promesse de réformes et qui aurait calé. Mais le sketch offert depuis dix jours restera dans les Annales : un chantier lancé il y a deux ans qui a failli être remis en cause au dernier moment, ce qui a permis la constitution d’un front des antis regroupant Jean-Luc Mélenchon, le Medef, la CGT-Finances et LR, Les Républicains.
Il est vraisemblable que Macron a voulu leur faire un pied de nez, qu’il voit comme des conservateurs. De fait, la France est un des rares pays où l’impôt est prélevé avec un an de retard. Les conservateurs sont renvoyés dans le camp de ceux qui avaient crié au loup pour rien au moment du passage à l’an 2000 et à l’euro voire au numéro de téléphone à 10 chiffres il y a encore plus longtemps ! Au passage Gérald Darmanin, à Bercy, en tire une image de pugnacité.
Maintenant, reste quand même le plus difficile !
On a cité des succès, il y a eu aussi des ratés : le système de paie Louvois pour les militaires, le régime social des Indépendants, le RSI, deux catastrophes. Au-delà des bugs possibles, il y a trois grandes interrogations.
Un : les particularités de l’impôt tricolore, conjugal, familial, avec beaucoup de réductions d’impôts, vont-elles tuer l’intérêt de la retenue à la source puisqu’il y aura une régularisation ? Peut-être.
Deux : y aura-t-il un effet psychologique avec la baisse apparente du revenu net sur les feuilles de paie ? Pas sûr, les Français ne sont pas idiots.
Et trois : cet impôt sera-t-il, un jour lointain, fusionné avec la CSG ? Je parie que oui.
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