C e matin : les réformes économiques restent la priorité numéro un des Français, et de loin.
Oui, on commente rarement, ici à ce micro et dans cet édito, les sondages - dont on connaît bien les limites. Mais celui dont je vais parler est intéressant sur l’état d’esprit des Français au moment où la situation économique est en train de s’améliorer –on espère durablement et pas seulement temporairement. Que dit ce sondage Odoxa pour Les Echos ? Que nos concitoyens donnent toujours, et massivement, la priorité aux réformes économiques, qu’ils soient de droite, de gauche ou sans préférence partisane. 52% d’entre eux considèrent que c’est sur elles qu’il faut se concentrer en priorité, 26% préfèrent la santé, 11% l’éducation et 9% les réformes sociétales. Notez au passage que deux personnes interrogées sur cinq soutiennent les enseignants hostiles à la réforme du collège – mais ce n’est pas tout à fait le sujet.
Bon, le gouvernement répondra qu’il mène tout de front, qu’il agit dans tous les domaines : le projet Macron et le projet Touraine sur la santé, et le projet Vallaud-Belkacem sur l’éducation...
Oui. Mais le fait que les réformes économiques soient au-dessus de la pile dans l’esprit des Français est symptomatique. D’abord, cela veut dire qu’il n’y a pas de ras le bol de ces réformes. On pourrait imaginer qu’après le crédit d’impôt compétitivité, après le Pacte de responsabilité, ils disent : on passe à autre chose. Non. Il y a le sentiment qu’il y a encore beaucoup à faire pour que la croissance s’amplifie. Ensuite, ce ne sont pas n’importe quelles réformes dont on parle. La question précise était : est-ce que ce sont les réformes économiques comme la loi Macron qui sont prioritaires ? Réponse : oui. Or, la loi Macron, avec l’ouverture des magasins le dimanche, l’ouverture de professions réglementées, notaires, huissiers, avocats, est de nature libérale. Ce type de mesures, techniques, sont donc jugées plus importantes que la réforme du collège. C’est surprenant parce que l’éducation est essentielle ; mais cela dit l’attente sur l’économie. Et oui, il y a beaucoup à faire. D’ailleurs, les Français sont conscients, dans leur majorité, que le bon résultat de la croissance au premier trimestre (+0,6%) est fragile.
Sur l’économie, le gouvernement a-t-il d’autres réformes en soute ?
On peut discuter pour savoir s’il parle davantage de réformes qu’il n’agit. Beaucoup d’entreprises pensent par exemple que le projet Rebsamen sur le dialogue social change finalement peu de choses sur les fameux seuils sociaux –ce qui n’est pas vrai. Mais en juin, on devrait avoir des dispositions pour l’embauche dans les petites entreprises (circule l’idée d’un allongement des périodes d’essai) et à l’automne sur la hiérarchie des normes sociales, entre les accords d’entreprise et la loi. Faut-il conclure ? Il faudra beaucoup de réformes pour effacer le bilan terrible des trois dernières années : une croissance de seulement 0,2% en 2012, 0,7% en 2013 et 0,2% l’an dernier. Terrible.
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