Les marchés financiers s’inquiètent, sur la dette française, d’un risque Marine Le Pen.
C’est un sujet compliqué à aborder parce que si on en parle, on est accusé par le Front National de relayer ce qu’il dit être des pressions des marchés financiers sur un scrutin démocratique. Et si on n’en parle pas, d’autres nous reprochent de ne pas dire ce qui se passe. Une fois cela dit, que voit-on ? On voit que la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen pousse à la hausse les taux d’intérêt sur la dette française. Les investisseurs qui prêtent de l’argent à l’État considèrent qu’il y a un risque que cette dette ne soit pas remboursée si elle entre à l’Elysée et, du coup, que la France sort de l’euro. Concrètement, cela se mesure de la façon suivante : on constate que l’écart entre les taux allemands à dix ans et les taux français a augmenté. Il était de 0,20 % il y a six mois (on dit 20 points de base), il tourne actuellement autour de 0,5 %. Depuis l’élection de Donald Trump en novembre, les prêteurs internationaux se disent : oh la la tout est possible, quel est le prochain pays sur la liste ? Ce n’est pas une flambée, cela reste limité, mais il y a un mouvement.
Cette hypothèse est donc prise au sérieux ?
Il faut préciser tout de suite que les investisseurs qui vont prêter 185 milliards d’euros cette année à l’État français et qui sont en France, mais majoritairement à Singapour, Tokyo, New York, ne connaissent pas bien le système institutionnel et politique français. On se méfie plus que jamais des pronostics, mais la probabilité d’une victoire du FN est quand même faible. Mais que se passerait-il si cela arrivait ? Marine Le Pen a annoncé une sortie de l’euro qui serait suivie d’une dévaluation du franc. Si la France décidait de rembourser ses créanciers extérieurs, cela veut dire que cela lui coûterait 20 % plus cher, l’équivalent de 400 milliards d’euros en plus. Si la Banque de France imprimait l’équivalent, cela a de bonnes chances de faire exploser l’inflation. Et si la France faisait un bras d’honneur à ses créanciers, on rentre dans un autre monde évidemment. On n’en est pas là. On n’en sera probablement jamais là et ce n'est pas à la Corbeille que se décide la politique, comme disait le Général. Mais dans le monde, certains ont intégré cela dans leurs scénarios. Et c’est bien sûr la première fois.
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