L'Insee observe et anticipe une croissance zéro d'ici la fin de l'année. Les raisons de ce coup d'arrêt, l'attitude finalement conservatrice des entreprises sur les emplois et la baisse faible du pouvoir d'achat constituent les trois points saillants de cet automne. Qui soulèvent des questions.
L’Insee a publié hier une note de conjoncture sobrement titrée : une économie diminuée, comme on est diminué pendant une maladie.
1 - Le premier mystère, c’est celui de l’évolution de la croissance. Après le plongeon du printemps, l’économie est repartie vraiment bien (+ 16% cet été !), mais c’est le plat en ce moment. Croissance 0,0. C’est en fait la situation épidémique qui pilote l’économie, et l’incertitude et la peur sont revenues. L’Insee reconnaît aussi être dans le brouillard : le diagnostic est compliqué maintenant que toute les règles de vie et de travail varient selon les villes et changent tout le temps. Pas simple non plus de comprendre pourquoi les particuliers ont épargné autant, 80 milliards d’euros: la crainte de perdre son emploi ne suffit pas à l'expliquer.
2- Le deuxième mystère, justement, concerne l’emploi. L’Institut de la statistique anticipe 840.000 suppressions de postes cette année, cela correspond à une baisse de 3% des emplois – alors que l’activité plonge de 9%. Trois fois moins. Cela veut dire que l'immense majorité des entreprises ont décidé de faiore le maximum pour garder leurs salariés, chômage partiel ou pas d’ailleurs. Le mystère est de savoir si cela peut durer.
3- Et le troisième mystère ? Il est au cœur de ce que vous diront à 8 heures 20 vos invités du Secours catholique et de la Fondation Abbé Pierre. L’Insee annonce que le pouvoir d’achat des Français, globalement, ne baissera cette année « que » de 0,6%, grâce au chômage partiel et aux filets sociaux. Mais le Secours populaire tire la sonnette d’alarme sur le nombre de personnes qui viennent le voir, et le collectif des associations parle d’un million de nouveaux pauvres – sans que l’on connaisse sa source.
Comment est-ce compatible ? On le sait, l’Insee raisonne en moyenne, en macro-économie, tandis que les associations voient le terrain et les trous dans la raquette sociale : des très précaires, des jeunes et des indépendants sans ressources, et aussi des personnes qui travaillaient au noir ou en situation irrégulière - elles ne sont nulle part dans les statistiques. Mais quand même, les deux informations sont difficiles à concilier.
En réalité, le problème est qu’autant la statistique économique est rapide et complète, autant les données sociales sont tardives et incomplètes. Un seul exemple : aujourd’hui, on ne connaît pas l'évolution du nombre de bénéficiaires du RSA depuis … mars. La rumeur dit seulement que la hausse est de 8%. Pour la clarté du débat public, c’est invraisemblable.
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