

Les industriels de l'automobile sonnent le tocsin et appellent l’Etat à la rescousse. Voitures, agriculture, commerce : la transition écologique doit être faire, et rapidement, mais il est irresponsable de penser que cela se fera par un claquement de doigts.
Cela surprend parce que notre attention est mobilisée soit par l’avenir du groupe Renault-Nissan après Carlos Ghosn, soit par les fiançailles du groupe PSA Peugeot Citroën avec Fiat-Chrysler. Bref, par autre chose que l’activité toute bête de l’industrie auto, fabriquer et vendre des voitures - ah tiens c’est vrai. Eh bien voilà que les industriels sonnent le tocsin et appellent l’Etat à la rescousse.
La baisse du diesel menace 15 000 emplois, les normes d’émissions de CO² pour 2020 sont drastiques, les investissements vers l’électrique sont énormes et du coup des entreprises sous-traitantes vont craquer au moment même où les ventes de voitures calent partout.
Au total, il faut avoir en tête que le nombre d’emplois directs est déjà passé de 328 000 à 210 000 en peu d’années et qu’en 2011, la France était le deuxième pays de production auto d’Europe. Aujourd’hui, c’est le cinquième, derrière l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Hier, la profession a obtenu des aides pour les PME, qui seront financées en partie par un malus jusqu’à 20 000 euros sur les véhicules les plus polluants. Profession très remontée parce qu’elle estime faire sa part de la transition : 224 modèles de véhicules électrifiés seront disponibles l’an prochain, mais y aura-t-il des acheteurs ?
Tout cela est-il grave ?
Tout cela met de la gravité sur des sujets sur lesquels on entend parfois des "y’a qu’à faut qu’on". Dans l’automobile, le choc va être aussi violent que le passage de la traction animale à la voiture thermique. Certes, le secteur a donné des verges pour se faire battre (les tricheries de Volkswagen sur le diesel). Mais rappelons-le, l’exigence sur le CO² est récente.
Si la pression est totale sur les industriels, elle est faible sur les consommateurs : le super-malus ne concernera que 10 à 15 000 voitures et les SUV trouvent preneurs. C’est commode, mais il est mensonger de faire croire que c’est facile.
Au fond, c’est le même débat dans l’agriculture : il est plus facile pour nous de s’enthousiasmer pour un changement de modèle agricole que de le vivre concrètement quand on a en face de soi les élevages hollandais et les fermes polonaises. Enfin, aurait-il fallu, vendredi dernier, envoyer en prison les clients qui se sont rués sur le Black Friday pour acheter moins cher alors que l’on parle matin midi et soir du pouvoir d’achat ? Si j’étais Charline je finirais en disant : il faut choisir camarade !
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