. Quel commentaire économique peut-on faire sur les résultats des législatives ?
Il y en a deux je crois. Le premier est qu’en donnant une avance très confortable au parti d’Emmanuel Macron, lequel Emmanuel Macron défend un projet économique qui a un versant d’inspiration libérale (ce n’est pas le seul versant), les Français signifient que le ras le bol qu’ils ont exprimé par deux fois est davantage un ras le bol politique qu’économique. Ils voulaient renverser la table du système politique davantage que du système économique. On peut trouver qu’ils ont tort ou raison, c’est autre chose, mais c’est un vote protestataire qui reste dans le cadre du cercle dit de la raison (et on met des guillemets) plutôt que pour tout changer. Le deuxième commentaire est que si le second tour confirme le premier, la France aura un président qui disposera d’une majorité large, il sera dans une situation différente de deux pays dont on parle ces derniers jours : le Royaume-Uni, où Theresa May est dans une situation instable, et les Etats-Unis, où Donald Trump est fortement contesté. La France devrait avoir un exécutif fort et si Angela Merkel était reconduite en septembre-ou si le SPD l’emportait-, le couple franco-allemand aura une marge de manœuvre, une fenêtre en 2018, pour agir.
Mais ce score de « la république en marche » oblige Emmanuel Macron, dites-vous.
S’il se confirme le 18 juin bien sûr, ne serait-ce que parce que l’élan dont il bénéficie est un élan porté par son talent sûrement, par ceux qui le soutiennent assurément, mais aussi par ceux qui veulent tout simplement le voir à l’œuvre. Alors, sur le terrain économique, ce vote légitime-t-il la réforme du droit du travail, la 1ère dans le calendrier ? Oui, sans aucun doute le principe et tous les acteurs y compris sociaux devront en tenir compte. Mais une latitude institutionnelle ne veut pas dire succès politique et social parce que s’il y a un vent d’optimisme en ce moment, on sait que les peuples pratiquent le zapping permanent et qu’ils attendent, en France comme ailleurs, que leurs dirigeants inventent les réponses efficaces aux angoisses de classes moyennes sur une planète économique où il n’y a plus seulement un milliard d’acteurs mais 3 à 4 milliards.
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