Vous nous parlez du groupe PSA Peugeot-Citroën qui est dans l’actualité ces jours-ci.
Oui, doublement. La fermeture tant redoutée de l’usine d’Aulnay est plus que jamais évoquée ; et une rumeur de presse a fait état hier de la volonté de la famille Peugeot de pousser le PDG, Philippe Varin, vers la sortie. Disons-le tout de suite : le premier sujet paraît plus fondé que le second. Mais tous les deux témoignent que l’entreprise est en petite forme. En ce qui concerne Philippe Varin, les choses semblent claires. Un communiqué très officiel du conseil de surveillance lui a apporté son soutien dans la soirée. Il faut savoir qu’une trentaine de Peugeot travaillent dans le groupe et que, comme dans toutes les familles, certains rêvent d’être Calife à la place du Calife et essaient de secouer le cocotier.
Sur le fond, l’entreprise va mal, dites-vous…
C’est moins le management qui est en cause qu’un problème industriel. La situation est simple : en cinq ans, les ventes de voitures en Europe de l’ouest ont baissé de 20% (de 15 à 12 millions de véhicules). C’est énorme. Or, l’industrie auto est une industrie de coûts fixes (des usines, des hommes). D’où un problème : trop d’usines, pas assez de voitures. Résultat : l’avenir d’Aulnay paraît scellé après 2014. Mais PSA souffre aussi parce qu’il est bien implanté en Espagne (pas besoin de faire un dessin) et que ses stocks sont importants parce que l’évolution du marché a été mal anticipée.
Autre difficulté, plus structurelle : la concurrence allemande a longtemps joué sur le seul haut de gamme, laissant libre le reste de la gamme. Mais problème là encore : la notion de haut de gamme a changé. Ce n’est plus la taille de la voiture qui fait ce haut de gamme mais la marque et les équipements. Les minis de BMW, l’A1 d’Audi, la classe A de Mercedes taillent des croupières. Que reste-t-il alors aux Français ? Vaste sujet, comme aurait dit le Général de Gaulle.
Et se rajoute une interrogation sur la stratégie ?
Exactement. PSA est trop petit, trop européen et trop français. La famille Peugeot a tardé à regarder hors des frontières. Faute de pouvoir s’allier avec des groupes familiaux comme Honda ou BMW, elle a basculé vers General Motors au printemps. Mais il n’y a rien à attendre de GM avant 2016. Le groupe n’a pas non plus, comme Renault, racheté Dacia, ou comme Volkswagen, acquis Skoda. Il n’a pas non plus délocalisé et il subit de plein fouet le coût du travail élevé en France. Bref, le groupe a été timide. Cela étant, il est facile de l’extérieur de donner des leçons. L’Etat, en déficit depuis 35 ans, est très mal placé. On se souvient de Nicolas Sarkozy dressant des couronnes de lauriers à PSA et donnant des claques à Renault accusé d’avoir délocalisé. Eh bien, aujourd’hui, c’est le plus franco-français qui est sur la sellette.
Quel est le risque ?
L’avenir est dangereux pour des groupes qui réalisent des marges opérationnelles ridicules, de l’ordre de 1 à 2%. En réalité, le tocsin peut être sonné pour les deux constructeurs français pour la partie française de leur activité.
Les liens
L'équipe
- Production
- Chronique