Vous apportez ce matin une information nouvelle dans le débat actuel sur la place du diesel dans nos villes.
Oui, parce qu’elle montre une évolution qui mérite d’être relevée : pour la première fois depuis très longtemps, le diesel n’arrive plus en tête dans les ventes de voitures neuves. Soyons précis : au premier semestre, entre janvier et fin juin donc, les particuliers ont acheté plus de voitures essence que diesel. La motorisation essence : cela a été cinq véhicules sur dix ; le diesel : un gros quatre sur dix ; le reste se partageant entre hybrides et électriques, qui restent vraiment des micromarchés. Le changement est profond. En 2012, on ne remonte pas à la préhistoire, six voitures vendues sur dix étaient des modèles diesel. Une précision quand même : là, on parle des particuliers. Les entreprises, elles, continuent d’acheter leurs flottes (comme on dit) en diesel parce que la fiscalité et les normes anti-pollution les poussent dans cette direction.
Comment explique-t-on cette tendance ?
On peut trouver des tas d’arguments techniques et économiques, et ils existent, et je vais les donner. Mais le fond de l’affaire, c’est que le diesel est passé de mode, tout simplement. Le bruit autour du diesel n’est pas bon, et les automobilistes l’entendent. C’est vrai, les moteurs essence sont meilleurs, consomment moins (c’était l’avantage principal du diesel), et les prix des carburants se rapprochent. Tout cela joue. Mais la clé c’est que le diesel stresse, les clients se demandent par exemple s’ils pourront revendre leur véhicule. Le discours politique, très négatif désormais sur ce carburant, joue beaucoup. Depuis hier, par exemple, les cars et poids lourds les plus anciens sont interdits à Paris et l’objectif d’Anne Hidalgo, c’est qu’il n’y ait plus de diesel dans la capitale en 2020.
Et PSA bien sûr, mais aussi Renault, sont pris à revers…
Oui, les constructeurs français ont depuis longtemps poussé le diesel, en sont les champions. Et je pense que le mot que j’ai utilisé il y a un instant, « le diesel est passé de mode », a fait bondir tous ceux qui travaillent dans l’automobile, à Mulhouse, Flins, Boulogne ou avenue de la Grande Armée. Car PSA et Renault persistent et signent : le diesel moderne, celui d’après 2011, est pour eux un carburant propre. Pour eux, il élimine 99% des particules en masse et en nombre, même ultrafines, et en plus comme une voiture diesel consomme moins, elle émet moins de CO2. Quand vous parlez avec Carlos Tavares ou Louis Gallois, les dirigeants de PSA, ils sont furieux du succès de ce qu’ils appellent des contre-vérités sur le sujet. Et ils vous remettent des argumentaires bourrés de références scientifiques. On ne va pas rentrer dans le débat, car le camp adverse aligne lui aussi des arguments forts sur les rejets d’oxydes d’azote, les fameux NOx. Bref, la bataille scientifique fait toujours rage, mais la bataille de la communication, elle, semble bel et bien mal partie pour le diesel et dans les concessions c’est elle qui a une longueur d’avance.
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