

Après les pilotes en juin, les hôtesses et stewards d’Air France entament aujourd’hui une grève qui doit durer 7 jours. Quelles vont être les conséquences de ce mouvement ?
A très court terme, ce sont les passagers qui trinquent. Pas moins de 20.000 personnes ont vu leur vol annulé pour cette première journée de grève. Alors certes, Air France a tout fait pour en réduire l’impact, 80% des vols moyens courriers et plus de 90% des longs courriers sont assurés. Mais évidemment, en plein chassé-croisé estival, l’effet est désastreux pour la compagnie, qui va perdre beaucoup d’argent et ne va pas améliorer une image déjà sérieusement écornée. Un long conflit, dans l’aérien, c’est très lourd. En 2014, la grève des pilotes de quatorze jours avait plombé les comptes de plus de 400 millions d’euros. Or l’entreprise reste très fragile : elle est revenue dans le vert en 2015 pour la première fois depuis cinq ans, mais tout juste. Et c’était grâce à des économies inespérées sur les carburants. Les prix du pétrole étant repartis à la hausse, l’étau se resserre déjà sur Jean-Marc Janaillac, le nouveau président d’Air-France-KLM qui doit prendre la parole pour la première fois, aujourd’hui, à l’occasion des résultats semestriels. Le cadeau de bienvenue des hôtesses et stewards est assez encombrant.
Mais pourquoi la compagnie n’a-t-elle pas réussi à éviter un tel conflit ?
Comme toujours dans un conflit social, chacun se renvoie la responsabilité. Air-France avait réussi à déminer le terrain avec les pilotes, qui menaçaient d’une grève en plein championnat d’Europe de football. La compagnie avait accepté de geler jusqu’à novembre les mesures d’économies contestées. Avec les hôtesses et stewards, elle pensait également obtenir une trêve, en prolongeant d’un an et demi un accord sur les conditions de travail. Mais les syndicats exigent une échéance plus lointaine, parce qu’ils craignent un coup de Trafalgar de la direction, en cas de victoire de la droite en 2017. C’est donc l’impasse.
Air France est-elle vraiment menacée ?
Oui bien sûr. La compagnie est attaquée sur tous ses marchés. Le moyen courrier avec les low cost, le long courrier avec les compagnies asiatiques et Emirates, les avions régionaux avec le TGV. Les grandes compagnies nationales peuvent mourir ou se faire racheter si elles ne réagissent pas, il y a plein d’exemples. Alors certes, Air France a fait de gros efforts de productivité, mais elle reste à la traîne, notamment parce que ses pilotes volent moins. Le nouveau président doit donc proposer un new deal, avec des économies mais aussi des axes de développement. Le défi, je ne vous le cache pas, est immense.
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