Renault a réuni un conseil d'administration extraordinaire vendredi soir sur le conflit qui oppose Carlos Ghosn à l’État. Sans succès.
Cela fait des mois que le torchon brûle entre Emmanuel Macron et le patron de Renault-Nissan, le quatrième groupe automobile mondial (tout de même). Et on pose désormais la question : le ministre de l'Economie ne commet-il pas sa première erreur à ce poste, pour des raisons politiques ? Si son objectif est de faire plier un grand patron parce que c'est toujours bien vu en France, s'il cherche à se faire bien voir à gauche parce que la cote d'amour de Carlos Ghosn n'y est pas nécessairement au zénith, alors le risque est vraiment disproportionné. Dans cette affaire, il y a le fond du conflit, et là les deux parties ont des arguments, et il y a la forme : une bizarre volonté d'humiliation du dirigeant par Emmanuel Macron. Au point que Manuel Valls, hier, a dû calmer un peu la plaie. De quoi s'agit-il ? De la plus grave crise de l'alliance Renault-Nissan depuis 1999. Au printemps, l’État est monté au capital de Renault en application de la loi Florange, il a ouvert la boîte de Pandore sans avertir personne. Ça n'a pas plu à Carlos Ghosn et à l'allié japonais, parce que cela déséquilibre une alliance subtile. Renault contrôle Nissan depuis quinze ans, Nissan détient aussi une petite partie du capital de Renault – mais sans aucun droit de vote ! Le fond de l'affaire est que c'est Renault (Carlos Ghosn) qui a sauvé Nissan, mais que le japonais va mieux que le français désormais. Le japonais est mondial, Renault est européen ; le japonais est deux fois plus gros que le français. Bref, le sauvé est devenu le sauveteur et il a veut avoir voix au chapitre, pas être sur un strapontin éjectable. Dans une logique de mondialisation, Ghosn pense à l'avenir du groupe.
Et les arguments d'Emmanuel Macron ? Il pense à Renault, non ?
Il craint peut-être que Renault soit absorbé un jour par Nissan. Après les chinois au capital de PSA, cela a de quoi le faire « flipper ». Mais outre qu'on n'en est absolument pas là, que rien ne permet de préfigurer cela, la méthode ne peut pas être celle choisie parce que Carlos Ghosn, quel que soit son caractère (pas bon) est un grand industriel et pas un petit garçon qu'on réprimande.
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