Carlos Ghosn, le patron de Renault, le dit dans une interview aux Echos : son groupe peut devenir d’ici peu le numéro un mondial de l’automobile. C’est possible ?
Oui, c’est tout à fait possible – et c’est vrai qu’on se pince quand on dit cela tranquillement assis devant ce micro. Pourquoi ? Le groupe Renault-Nissan est officiellement le numéro quatre mondial derrière Toyota, Volkswagen et General Motors. Ca c’est le classement 2015. Sauf que Carlos Ghosn est en train de racheter Mitsubishi, le japonais qui est en difficulté pour des problèmes de pollution. Le français attend d’ici peu le feu vert des autorités de la concurrence japonaise, qui regardent si Nissan + Mitsubishi ce n’est pas trop pour l’Empire du Soleil Levant. Si le feu est vert, l’Alliance Renault-Nissan toucherait les 10 millions de voitures vendues par an, la place de numéro un. Bon cela se jouera à quelques milliers près, ce n’est donc pas acquis bien sûr.
Quel est l’intérêt d’être le numéro un ?
C’est sans doute une vraie question philosophique dans la vie. Mais dans l’automobile, c’est plus simple. Plus on est gros, c’est-à-dire plus on produit de voitures, plus les coûts peuvent être serrés. Les motorisations, les équipements peuvent être déclinés sur davantage de modèles. Comme les dépenses colossales (et de plus en plus) de recherche, dans le design, la sécurité, les plates-formes, et maintenant la voiture autonome. Pour les constructeurs généralistes, la taille est par ailleurs véritablement mondiale, même plus régionale. Elle leur permet d’être présents sur toute la gamme, par exemple, des gros crossover de Nissan à la gamme économique de Dacia en passant par les familiales de Renault. Cette place, Ghosn en rêve peut-être la nuit.
Mais attention, ce n’est pas sans risques !
Un. Il faut donner une précision : le groupe est un conglomérat, une Alliance, quelque chose d’hybride avec de participations croisées– beaucoup moins intégré que Volkswagen. Et deux attention : l’expérience montre que la place de numéro est dangereuse. Quand ils ont été en haut du podium, Toyota (dont les véhicules ont eu des problèmes à répétition), General Motors (qui a connu la faillite) et Volkswagen (le scandale du Diesel), ont vu surgir des difficultés. Cela dit, au total, pour Renault-Nissan, ce n’est pas encore fait, mais un français en tête, ce serait la première fois dans la longue histoire de l’automobile.
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