Des heures cruciales s’ouvrent pour Carlos Ghosn, en prison depuis deux mois maintenant, et le groupe Renault-Nissan. Le gouvernement français et la direction du constructeur automobile doivent accélérer la transition.
Les dirigeants de Renault, à Paris, et le gouvernement français, qui est au capital du constructeur, ne vont pas pouvoir continuer longtemps à regarder l’horloge tourner. Carlos Ghosn a été arrêté mi-novembre, cela fait deux mois, et les charges s’accumulent contre lui.
Hier, on apprenait qu’il aurait réussi à se faire virer 7 millions d’euros par une structure créée entre Nissan et Mitsubishi aux Pays-Bas. Aujourd'hui, on en sait plus sur la façon dont il choyaient ses proches. On ne va pas reprendre toutes les accusations, mais on parle désormais de dizaines de millions d’euros versés ou susceptibles d’être versés illégalement, ou au minimum contraire à l’éthique. Versés à lui-même ou des membres de sa famille.
Un juge a décidé ce matin de le maintenir en détention (un appel sera examiné dans les heures qui viennent). Même s’il était libéré aujourd’hui ou demain par un juge (il y a une très faible possibilité), il resterait de toutes façons probablement en résidence surveillée au Japon, en attendant un procès qui prendra des mois.
Ce qui lui est reproché est assez grave pour que les deux administrateurs de Renault chez Nissan aient voté sa destitution de Nissan alors que les ordres de Paris étaient de s’abstenir. Ils avaient vu un dossier ce que, bizarrement, le conseil d'administration de Renault a refusé de faire.
En réalité, il est temps de penser à la suite, et e gouvernement y semble prêt à brève échéance.
Ces fautes font-elles tomber l’hypothèse d’un complot de la part de Nissan ? Trois journalistes des Echos sont allés ce week-end interviewer à Tokyo le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, qui se dit révolté qu’on puisse lui prêter cette intention. Le Japonais réaffirme solennellement son attachement à l’Alliance avec Renault.
Doit-on le croire ? L’occasion fait peut-être, le larron et Nissan joue opportunément de cette crise, mais une page doit se tourner à Paris pour la gérer.
Sait-on mieux pourquoi cette dérive de Carlos Ghosn ? Il y a toujours une part inexplicable quand des gens qui ont tout, le pouvoir, la reconnaissance et l’argent, partent (si vous me pardonnez l’expression) en vrille. Jean-Yves Haberer au Crédit Lyonnais autrefois, Jean-Marie Messier chez Vivendi, Antoine Zacharias chez Vinci, et maintenant Carlos Ghosn, à un moment ils perdent tout contact avec la réalité. Parce que la mondialisation de l’économie leur offre un espace sans limite et surtout sans contre-pouvoir.
Ce sont souvent des personnes exceptionnellement douées, des bâtisseurs, mais qui perdent les pédales, et quand le temps de quitter l’espace revient, quand ils atterrissent, trop tard, c’est le crash.
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