Hier, PSA a suivi Ferrero, Groupama, Monabanq, la Maif et Nutella qui avaient annoncé leur désengagement des écrans de CNews à proximité des émissions auxquelles participe Eric Zemmour. La perte financière directe sera très faible. Au-delà, que faire ?
La liste des annonceurs qui boycottent les écrans publicitaires à proximité des passages du polémiste à la télévision s’allonge. Eric Zemmour participe, sur Paris Première (propriété de M6), à une émission de débat chaque mercredi soir, Zemmour et Naulleau. A partir de lundi, il sera aussi sur le plateau de CNews (propriété de Vincent Bolloré) tous les soirs de 19 à 20 heures.
Ces derniers jours, Ferrero, Groupama, Monabanq, la Maif et Nutella avaient annoncé leur désengagement. Hier, le groupe automobile PSA a pris la même décision. Ces entreprises protègent leur marque et se font bien sûr un petit coup de pub à peu de frais, mais quelles en seront les conséquences économiques ?
En réalité, elles seront anecdotiques pour les deux chaînes. En début de soirée, le tarif brut d’un spot de 30 secondes sur CNews, explique mon confrère des Echos Nicolas Richaud, est de 600 € en moyenne, au maximum 1 200 €. C’est très très bas.
Par comparaison (ce sont des chiffres ultra-secrets) : les même 30 secondes sur TF1 sont facturées entre 35 et 50 000 € nets (après négociation) - vous avez bien entendu - selon les jours les mois et l’émission de la soirée - et cela peut monter bien au-delà pour un événement (sportif notamment) exceptionnel.
A ce niveau, ce n’est pas le jour et la nuit, c’est l’écran noir et l’écran total. !
Mais une fois cela dit, la question est de savoir si ces annonceurs souhaitent seulement que leurs écrans soient déplacés à un autre moment dans la journée ou sur une autre chaîne des mêmes groupes médias (M6 et Canal par exemple), ou s’ils veulent retirer leurs pubs. Dans le premier cas, le plus probable parce qu’il existe des contrats à l’année, le chiffre d’affaires diminue à peine. Les recettes publicitaires de CNews sont de toute façon inférieures à deux millions d’euros par mois.
Bref, boycotter Zemmour ne met personne à genoux. Surtout si l'audience vient et si les tarifs, du coup, peuvent monter pour les annonceurs qui restent ...
Au-delà, est-ce légitime ? Les entreprises ne veulent pas forcément être associées à quelqu’un qui fait l’objet d’une enquête du parquet de Paris pour « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence » et « injures publiques » parce qu’il a rapproché l'Islam et le nazisme.
En réalité, tout est compliqué dans ce genre d’affaires. On doit logiquement protester vigoureusement quand la publicité se mêle de l’éditorial. Mais chacun fait ce qu’il veut y compris les annonceurs. Eric Zemmour a par ailleurs le droit à la parole, l’en priver ne servira qu’à lui assurer davantage d’audience. Mais une chose est sûre, elle n’est pas économique et ses employeurs dans les médias devraient en avoir conscience : son existence et son outrance ne rendent service qu’à une seule personne, Marine Le Pen, qui apparaîtra sans rien faire et par comparaison, modérée. Question : est-ce inconscient ou est-ce le but recherché ?
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