Un nouvel impôt, pour changer

La cagnotte "covid" des mutuelles : l'Etat en réclame une partie à la rentrée
La cagnotte "covid" des mutuelles : l'Etat en réclame une partie à la rentrée ©Getty -  Nantawan Patamarote / EyeEm
La cagnotte "covid" des mutuelles : l'Etat en réclame une partie à la rentrée ©Getty - Nantawan Patamarote / EyeEm
La cagnotte "covid" des mutuelles : l'Etat en réclame une partie à la rentrée ©Getty - Nantawan Patamarote / EyeEm
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Le gouvernement ne voulait pas créer de nouveaux impôts. Il prépare pourtant une taxe sur les mutuelles santé. Pourquoi donc ? Parce qu'il réclame une partie de la cagnotte "covid" des mutuelles à la rentrée. Explications.

Tout simplement parce que les complémentaires santé, qu’on appelle mutuelles mais parmi lesquels il y a aussi des assureurs et des institutions de prévoyance, ont gagné beaucoup d’argent à cause de l’épidémie et du confinement, sans même le faire exprès. Pendant des semaines, nous avons en effet pratiquement arrêté d’aller chez le dentiste, et chez les médecins spécialistes, et dans les laboratoires d’analyse, sauf quand on toussait. Mais nous avons continué de cotiser aux complémentaires santé. 

Résultat : les remboursements de soins médicaux et dentaires ont chuté de 15% sur la première moitié de l’année. 

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Et les mutuelles ont accumulé une cagnotte de plus de 2,5 milliards d’euros, alors que la Sécu a dû sortir beaucoup, beaucoup plus d’argent pour des hôpitaux remplis de malades du Covid-19. 

Cette cagnotte fait saliver le gouvernement. Mais les Français vont retourner chez le dentiste… Oui, ils ont d’ailleurs déjà commencé à le faire, les prothésistes travaillent à fond. Les mutuelles soulignent aussi à raison que des patients qui ne se sont pas fait soigner pendant des mois vont être plus atteints, et qu’il va donc falloir dépenser davantage pour les guérir. Mais il se pourrait aussi que certaines dépenses soient en fait inutiles. 

Le gouvernement va donc sortir son rasoir à deux lames pour taxer. 

  • La première lame sera employée d’ici à la fin de l’année. 
  • La deuxième lame servira l’an prochain, selon le degré de rattrapage des soins perdus pendant le confinement.

Est-ce normal que le gouvernement taxe davantage des entreprises qui ont eu pour seul tort de gagner plus d’argent que prévu ? 

Evidemment non !  C’est une aberration. Normalement, les mutuelles devraient profiter de cet argent pour abaisser leurs tarifs et récupérer les clients de leurs rivaux. Et elles devraient hurler à l’idée d’un nouvel impôt. Mais la concurrence est très relative dans le secteur, et l’économie de la santé est un patchwork public-privé très compliqué. 

A l’automne va donc se dérouler un bras de fer entre le ministère, qui va invoquer le gouffre de la Sécu, et les mutuelles, qui vont menacer de relever leurs tarifs l’an prochain. Tout ça va déboucher sur un partage des milliards qui ne fera que des mécontents. Ce sont les délices de l’économie administrée à la française.