Hier, une réunion exceptionnelle s’est tenue au sein de BFMTV à la demande des journalistes…
Le grand patron fondateur Alain Weil, aujourd’hui à la tête d’un vaste pôle de presse et de l’opérateur télécom SFR, s’est même déplacé en personne pour écouter des cartes de presse dont le ras-le-bol s’exprime depuis un long moment et s’est caractérisé lundi par une non couverture du terrain, inédite dans l’histoire de la chaîne d’info. En clair, des équipes éreintées par la couverture intensive des gilets jaunes. Fatigue à laquelle s’ajoutent les violences (verbales et physiques) subies pendant les directs (je rappelle que les reporters planquent désormais les logos BFM sur leur matériel de tournage et sortent accompagnés de personnels de sécurité). Enfin, les troupes sont rongées par le doute. Questionnement sur le traitement journalistique accordé aux mouvements sociaux et plus particulièrement aux samedis de manifs : fallait-il en faire autant et fallait-il le faire de cette manière ? La rédaction de BFM n’est pas étanche, évidemment, à la virulence des critiques qui s’abattent sur son travail depuis deux mois. Mais la remise en cause ne vient plus seulement de l’extérieur, elle a gagné l’interne.
Créée en 2005, BFMTV est devenue une machine puissante, aux effectifs pléthoriques, qui a, c’est dans son ADN, toujours été managée d’une main autoritaire. Pas de tradition syndicale. L’évocation d’une motion de défiance à l’égard de la hiérarchie marque donc un tournant dans la culture de cette rédaction. Sans doute aussi le signe de sa maturité. Hier, les journalistes entendus par le big boss ont obtenu la création d’un comité éditorial, c’est à dire un organe collectif dont la constitution et les modalités d’action vont être discutées avec la société des journalistes. Par ailleurs, les mêmes vont rédiger une lettre qui permettra de mettre au clair les changements voulus par la rédaction. De là à en conclure que BFM passe au RIC, il n’y a qu’un pas délicieusement ironique… qui n’a pas été franchi.
Alain Weil s’est montré très clair, BFMTV sera toujours BFMTV. Les reporters se plaignent des plateaux d’éditorialistes dont les analyses serinées toute la journée nuiraient à la perception de ce qui est tourné sur le terrain. En outre, trop de duplex, trop de journalistes en direct devant des poubelles qui brûlent pas assez de reportage. Halte ! a signifié le patron. « BFM doit rester une chaîne de l’événement ». « Priorité au direct », on ne renie pas son 1er slogan.
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