C’est désormais officiel : Donald Trump a plus tweeté qu'"Ulysse" de James Joyce…
La semaine dernière, 1020 jours exactement après être entré en fonction, le compte Twitter du très bruyant président des Etats-Unis totalisait 266 055 mots, passant la barre emblématique des 264 564 mots que contient Ulysse de Joyce dans sa langue originale.
La comparaison est chiffrée, imparable. Vertigineuse, pourtant. Comme si l’immense œuvre de Joyce, elle-même gorgée d’Homère et de son Odyssée, pouvait se réduire à une somme de mots. Comme si une pile de tweets pouvait équivaloir à un texte. Non, bien sûr. Mais qu’est-ce qui fait un livre, au-delà d’un enchainement de phrases ? La question est abyssale.
Le dingue qui a compté les mots tweetés par Donald Trump s’appelle Chris Wilson. Il est responsable du data journalisme, c’est-à-dire du traitement des données, au magazine Time. Au départ, un constat empirique. Les messages postés par le nouveau Président ont envahi l’espace médiatique. Le locataire de la Maison Blanche n’est pas seulement accroc à Twitter, il est aussi gra-pho-mane. Il écrit, jour et nuit.
D’où cette intuition du journaliste : tout cela mis bout à bout, Trump aura au moins pondu un Gatsby le magnifique, 48 700 mots à la louche. Stupeur. Moins d’un an après son investiture, Trump avait déjà écrit plus que Fitzgerald en son roman. Le journaliste se met alors à compulser tous les classiques de la littérature anglo-saxonne. Constat : Trump, en quantité d’écriture, a dépassé Les Hauts de Hurlevent, chaque tome d’Harry Potter et même Moby Dick ! La littérature au kilo. Et quand je dis cela, je n’exagère pas. La totalité des tweets de Donald Trump président forme un document pesant 1,5 mégabyte, selon notre confrère, soit le même poids informatique que les 780 pages de James Joyce, c’est-à-dire trois fois rien. C’est comme ça, dans ce monde-là, les mots n’ont pas de poids.
Conclusion. Avec des données chiffrées, on peut montrer, démontrer, expliquer beaucoup de choses. Pas ce qu’est une œuvre d’art. Il n’empêche, cette comparaison purement quantitative entre les écrits de Trump et de Joyce m’a plongée dans une rêverie, où tout se mêle, se contamine et se dissout. Le bref et le très long, l’efficace et le beau, l’ancien et le contemporain, l’éphémère et l’éternel, le vernaculaire et le littéraire. Allez, osons, le sacré et le profane.
L'équipe
- Production
- Autre
- Autre