La Chine vient seulement de reconnaître qu'une de ses présentatrices télé est emprisonnée depuis le 14 août.
Cheng Lei, née en Chine, mais d'origine australienne, a d'abord travaillé neuf ans pour la chaîne américaine CNBC à Pékin. Depuis 2012, elle officie, en anglais, sur une chaîne d'Etat chinoise, CGTN. On l’écoute : « j’ai toujours voulu être journaliste, je suis curieuse, je veux raconter des histoires dont je cherche une profonde compréhension »… Je vous la fait entendre car le site internet de CGTN ne présente plus aujourd'hui ni photo, ni bio, ni catalogue des émissions de sa présentatrice. Effacée « pour des raisons de sécurité nationale » et ce, dans un contexte d'escalade des tensions avec l’Australie.
La menace est telle que deux autres journalistes australiens, Bill Birtles, correspondant à Pékin de la chaîne ABC, et Michael Smith, correspondant à Shanghai de l'Australian Financial Review, ont dû se mettre à l'abri plusieurs jours dans les ambassades et consulats de leur pays, avant de s'envoler dimanche soir, accompagnés de diplomates. Ils sont arrivés à Sydney hier. Dans la foulée, Pékin officialisait l'arrestation et la détention de Cheng Lei. Ses deux confrères craignaient de subir le même sort.
Certes, l'Australie et ses désirs d’enquête sur l'origine du nouveau coronavirus se sont attirés les foudres des autorités chinoises. Mais force est d'admettre qu'avec une vingtaine de journalistes étrangers expulsés au premier semestre 2020, les relations n'auront jamais été aussi brûlantes avec la presse occidentale en général.
Autre escalade, autre surenchère : Washington et Pékin qui éjectent chacun à leur tour des correspondants du camp d’en face. Les Etats-Unis n’accordent plus que des visas de 90 jours aux journalistes chinois sur le sol américain. En représailles, au moins 5 représentants de médias américains – dont CNN, Bloomberg ou le Wall Street Journal - n’ont pu renouveler leur carte de presse, n’obtenant du gouvernement chinois que des documents temporaires, ce qui les rend expulsables à tous moments. Si ce n'est pire. Les deux correspondants australiens qui se sont enfuis avaient l’un et l’autre reçu des visites de la police à leur domicile. C’est leur pays qui les a exfiltrés au plus vite.
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