Jennifer Lopez est apparue au défilé Versace portant la même robe verte qu’il y a dix-neuf ans. Une robe qui a fait tellement sensation qu’elle en changea la face des médias.
Février 2000. « La bomba latina » s’avance, la trentaine pulpeuse, sur la scène des Grammy Awards vêtue d’une robe en mousseline émeraude. Le vêtement s’avère décolleté jusqu’au pubis. Puis le drapé, ramassé par une broche, se fend à nouveau, découvrant les cuisses de la chanteuse. Le public en perd littéralement connaissance. Aux côtés de Jennifer Lopez, l’acteur David Duchovny dit ceci : « Pour la première fois, depuis des années, je suis sûr que personne ne ME regarde »… Revoir la robe Jungle de Versace. Le lendemain, la demande est telle sur Google que le moteur de recherche doit imaginer un onglet « images » pour canaliser les requêtes. D’une robe, donc, est né Google Images.
En concluant sa collection 2019 par Jennifer Lopez, la cinquantaine bodybuildée, portant une robe hommage à sa création culte, la marque Versace ne cherche pas seulement l’autocitation. Elle met en abîme ce que, en 20 ans, la puissance virale de l’image est devenue à la mode : son bras armé, le socle d’un business mondialisé.
Plus personne n’attend la parution de photographies dans la presse pour juger d’un défilé. Chaque silhouette d’une collection n’a qu’une ambition : produire une image dont la capacité à percer sur les réseaux sociaux décidera, parfois en quelques secondes, de la réputation d’une maison.
Et Versace de créer délibérément un choc, vendredi à Milan. Au public chauffé à blanc, le happening est annoncé par la phrase suivante au micro : « montre-moi la VRAIE robe Jungle ». De fait, 19 ans après, la robe n’était plus qu’une image, puissante certes, mais dématérialisée. Alors, quand paraît Jennifer Lopez en chair et en os…
Extrait de ce qu’on aperçoit dans TOUTES les vidéos tournées par TOUS les Smartphones et de TOUS les invités du premier rang. Pas un ne la regardait avec ses yeux… Avant, on postait des images sur le Net pour ceux qui ne pouvaient pas en être. Maintenant, on poste sur le Net pour montrer qu’on en était. Avant c’était pour ceux qui ne pouvaient pas voir, maintenant c’est pour dire qu’on a vu. L’image n’a pas seulement remplacé l’objet, elle s’est substituée à notre regard.
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