Pour Halloween, Netflix propose le premier film d’horreur entièrement conçu par un robot. Il dure 4 minutes et 20 secondes, il est disponible gratuitement sur la chaîne Youtube de Netflix, avec Une héroïne, Sarah, qui échappe à toutes sortes de scies sauteuses et de tronçonneuses.
Je vous poste le lien si vous voulez jeter un œil. Un graphisme basique, un méchant masqué, Mister Puzzle, très braillard avec un grand poignard. Une héroïne, Sarah, qui échappe à toutes sortes de scies sauteuses et de tronçonneuses. Un collègue qui se fait trucider. Des baleines bleues qui tombent du ciel.
Plus vous avancez dans l’histoire, plus elle déraille, jusqu’à l’incompréhensible, jusqu’à l’absurde…
Et pour cause, l’algorithme a absorbé la quasi-totalité des films d’horreur existant sur le marché avant d’élaborer sa propre fiction. Objectivement, l’intelligence artificielle a compris les codes et les ficelles du film d’horreur. Le problème, c’est qu’elle n’assimile pas du tout le second degré propre à la série B. Certes, elle perçoit la façon dont le genre s'auto-référence depuis sa naissance, mais elle ne peut distinguer ce qui différencie, par exemple, un hommage d’un pastiche. Par ailleurs, cette petite production s’avère d’autant plus foireuse qu’elle a beau aligner tous les ingrédients de la peur - le noir, le hangar abandonné, le rire sardonique, la lame ensanglantée, les cris - elle ne fait absolument pas peur ! Preuve que les ressorts de l’émotion échappent à la mécanique.
Ça vaut pour la peur, mais ça vaut aussi pour l’amour, pour le chagrin ou encore pour le rire.
Car Netflix, en fonction des saisons, a chargé son robot de fabriquer une comédie de Noël, une comédie romantique et même un spectacle de stand-up, toujours à partir des multiples prédécesseurs présents dans les catalogues… C’est un jeu de massacre. Les intentions meurent, les archétypes demeurent. Au final, pas une séquence ne fonctionne.
A l’origine de ce projet instructif et hilarant, on trouve un humoriste américain, Keaton Patti, qui a fait digérer à une intelligence artificielle des quantités massives de productions médiatiques : des publicités, des conférences de presse à la Maison Blanche, des séries télé à succès… tout est transformé en bases de données. Genre par genre, la machine a recraché ses propres scripts. Keaton Patti en a tiré un bouquin. Une ode à l’esprit humain, doublée d’une critique féroce des industries culturelles plus standardisées que jamais.
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