La Grande-Bretagne post-Brexit devient le théâtre d’une nouvelle bataille entre chaînes d’information et chaînes d’opinion.
Le paysage audiovisuel anglais est structuré autour de deux grands pôles d’information : BBC News, la télévision publique, et sa grande rivale privée née à la fin des années 80 : Sky News. Une crise économique, un Brexit, un Boris Johnson et une pandémie plus tard, voici deux nouvelles chaînes qui entendent faire leur beurre avec des esprits en surchauffe.
En juin, est né GB News
Début 2022, sera lancé Talk TV. Ces deux canaux visent exactement le même créneau : ligne éditoriale conservatrice, débats d’idées musclés, expression de paroles présentées comme bâillonnées ailleurs, dénonciation des dérives de l’antiracisme, de l’écologisme, du féminisme, etc…
Bref, mise en scène d’une « guerre culturelle » entre un camp progressiste qui serait devenu autoritaire et liberticide et un camp réactionnaire supposé seul garant du pluralisme et de la tolérance.
Derrière ces deux chaînes, deux grandes fortunes. Celles de Paul Marshal, l’un des financiers du Brexit, alimente GB News. Celle de Rupert Murdoch, magnat des médias férocement anti-Europe, propriétaire de Fox News aux États-Unis, du tabloïd « The Sun » et du quotidien « The Times » en Angleterre, fourbit les armes de Talk TV.
En figure de proue, deux ténors de la télévision britannique : Andrew Neil, 72 ans, le barbon de la BBC, intervieweur redouté et caractériel, a pris les rênes de GB News. Piers Morgan, 56 ans, incarnera la future Talk TV. Il officiait sur ITV avant d'en être écarté après avoir piqué – à l’antenne - une crise de nerfs sur Meghan Markle qu’il vomit. Mais, comme elle est femme et métisse, il affirme ne plus pouvoir dire ce qu’il en pense sans passer pour raciste ou misogyne. Sur Talk TV, il promet donc « le droit à chacun d’avoir une opinion ».
Recette miracle ? Pas forcément
GB News est en train de se planter magistralement. Audience faiblarde, pannes techniques, ratages en cascades, bandeaux truffés de fautes, écrans publicitaires désertés. Même l’arrivée du leader d’extrême-droite, Nigel Farage, et de ses harangues anti-migrants, n’ont pas redressé la barre.
Andrew Neil, président de GB News, vient donc d’annoncer sa démission. Profitant de cet aveu d’échec cinglant, le milliardaire Rupert Murdoch a annoncé l’arrivée de sa Talk TV. Vu les heures de vol du monsieur à la tête de Fox News, on doute qu’il commette des erreurs d’amateur. Mais GB News promettait d’ébranler le duopole BBC/Sky News. C’est raté. Rupert Murdoch les fera-t-elles trembler ? La « guerre culturelle » deviendra-t-elle une guerre des télés ? Rendez-vous en janvier.
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