En Algérie, un recul alarmant de la liberté de la presse

Un recul alarmant de la liberté de la presse
Un recul alarmant de la liberté de la presse - Baac3nes
Un recul alarmant de la liberté de la presse - Baac3nes
Un recul alarmant de la liberté de la presse - Baac3nes
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A l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, Reporter Sans Frontière publie son classement annuel. L'ONG nous alerte notamment sur les contions d'exercice du journalisme au Maghreb.

Reporter Sans Frontière publie aujourd’hui son rapport annuel. Les conditions d’exercice du journalisme ont été soigneusement évaluées partout dans le monde. Résultat, c’est un trio nordique qui prend les trois premières places du classement : la Norvège, le Danemark et la Suède sont les pays où les journalistes sont les plus libres et les mieux respectés. La France est à la 26ème place sur 180.

Au-delà du classement, RSF s’empare de la journée mondiale de la liberté de la presse pour nous alerter sur différentes zones du monde. Et notamment sur l’Afrique du Nord. "La situation de la presse dans cette région n’a jamais été aussi préoccupante", estime Reporters Sans Frontière. C’est en Algérie et au Maroc (respectivement classé 134ème et 135ème) que la liberté de la presse s’est considérablement dégradée. En Algérie, l’emprisonnement des journalistes devient chose courante et les arrestations arbitraires se multiplient.  « Des sites d’information ont été bloqués et certains journaux critiques envers le pouvoir ont été étranglés financièrement », constate aussi RSF.

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L’Algérie voit ses médias indépendants disparaitre les uns après les autres.

Symbole de taille : le quotidien Liberté a cessé de paraitre le mois dernier, après trente ans d'existence. Le propriétaire de ce journal, Issad Rebrab, première fortune privée du pays, a décidé de liquider l’entreprise, sans concertation. Liberté avait été fondé en 1992, dans le contexte d’ouverture démocratique amorcée par l’Algérie à la fin des années 1980. La disparition de ce journal pourrait, pour de nombreux observateurs, entrainer celle d’un autre titre emblématique de la presse francophone en Algérie : El Watan, lui aussi en difficulté financière.

Liberté publiait les chroniques de l’écrivain Kamel Daoud, mais aussi les dessins d’Ali Dilem, caricaturiste de talent. Ce dessinateur, qui croque l’actualité algérienne depuis plus de trente ans, était ému en 2019 par les soulèvements populaires qui ont écarté du pouvoir Abdelaziz Bouteflika. Trois ans plus tard, la désillusion est immense. Il y a quelques jours, dans le dernier numéro du quotidien, Dilem a publié un dessin tout simple : un cercueil fraichement cloué, sur lequel est écrit : « Liberté ».

Assurément, on ne parle pas assez, ici, de l’Algérie. Il faut s’intéresser aujourd’hui au recul dramatique de la liberté de la presse dans ce pays sur lequel on a tant braqué les projecteurs à la chute de Bouteflika. Depuis qu’Abdelmadjid Tebboune dirige le pays, les libertés publiques ne s’améliorent pas, bien au contraire.

Sur la carte du monde publiée par RSF, l’Algérie et le Maroc sont coloriés en orange. Une couleur synonyme de : "situation difficile".