

Penchons nous aujourd'hui sur la façon dont nos téléphones et nos réseaux sociaux gèrent nos souvenirs...
Parce que chaque jour, mon IPhone sélectionne dix photos stockées dans mes archives et les propulse, sans que je n’ai rien demandé, sur mon écran. Parce que les smartphones Androïd se sont empressés de le faire aussi. Parce que Facebook nous renvoie à la figure les images et les mots partagés il y a un an, deux ans, trois ans, comme si tout de notre passé méritait d’être célébré à date fixe, comme si - plus simplement - on avait envie de se revoir et de se relire. Pire, Snapchat exhume sans les trier les horreurs que vous avez postées à l’âge où vous avez utilisé Snapchat. Histoires de lycées, de beuveries et d’acné. Instagram a l’air plus capricieux, moins prévisible, mais Instagram semble également piocher dans nos souvenirs. Là, moi, je n’en ai guère, j’ai ouvert mon compte avant-hier.
Or, justement, j’ai vu ce que les gens publient. Je me dis qu’à force de filtres et de selfies, ils s’y oublient. Les ego trips vieillissent mal, en général. Laissons-les à leur instantanéité. On ne peut pas jouir de soi si l’on doute ou si l’on a des regrets.
C’est vrai – je reconnais - nous ne tirons plus les photographies sur papier, elles ont disparu de nos murs, enfouies par milliers dans les limbes numériques de nos appareils électroniques
Au moins, ces fonctions ont le mérite de les faire remonter à la surface. Joie pour les uns, grimace pour les autres.
Un 8 août, date choisie au hasard, on n’a pas forcément envie de voir surgir les photos de ski d’un ami qui vous a trahi, ni celles de l’anniversaire d’un proche décédé depuis, ni les cousins réunis sur la terrasse d’une maison qu’à force d’embrouilles on ne reverra jamais, ni même les vacances de l’été dernier bardées de soleil alors qu’il fait un temps de chien cette année, ni son visage d’avant les rides, ni son corps d’avant l’embonpoint. Pardon, mais il est des clichés qui vous rappellent à l’ordre…
Une amie fraîchement divorcée - à qui son téléphone a collé sous le nez tous les clichés de son ex-merveilleux mari, de son ex-merveilleux couple, et de feu sa merveilleuse famille - se faisait la réflexion suivante : dans la Silicon Valley, les algorithmes sont programmés par des gens qui ont 23 ans. Des gens qui n’ont pas de mémoire. Rien ou si peu derrière eux.
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