

Le tweet annonçant le décès de l'acteur américain Chadwick Boseman a été "liké" 7,5 millions de fois. Un record pour le réseau social.
Ce garçon n’avait que 43 ans, il était radieusement beau. Savoir qu’il a interprété ses deux plus grands rôles dévoré par un cancer du colon a bouleversé l’Amérique. Et quels rôles. T’Challa, roi de l’imaginaire royaume Wakanda, lieu du premier film de super-héros entièrement tourné et interprété par des Noirs.
Personnage qui valut à l’acteur d’être ensuite au casting du film de Spike Lee, LE cinéaste de la fierté noire-américaine. Alors, imaginez, en pleine colère « Black lives matter »…
L’émotion et l’indignation sont les deux ferments de Twitter. Avec la mort de Chadwick Boseman, l’émotion est devenue protestation, engendrant un feu d’artifice de réactions. Le tweet qui confirmait sa disparition a été « liké » 7,5 millions de fois, obligeant le réseau social à communiquer hier : un chiffre jamais atteint. D’autant plus troublant que, sur Twitter, c’est Chadwick Boseman lui-même qui a annoncé mort. Du moins est-ce son compte. Drôle d’effet. Et comment le public a-t-il répondu au détail des opérations, des chimios, d’une agonie à la maison entourée par ses proches ? Par des « j’aime », des coeurs.
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Le « like », ce grand fourre-tout sémiologique. Tout à la fois, accusé de réception, ratification, encouragement, plébiscite, ralliement, volonté d’associer sa propre voix à un contenu, volonté de lui donner de la visibilité. Le « like » qui n’existait pas au démarrage de Twitter. Il n’y avait que des étoiles qui plaçaient les messages en « favori », comme des marque-pages permettant de conserver et d’archiver. Un geste effectué avec parcimonie quand les « like » se distribuent à longueur de « timeline » au point que le patron lui-même, Jack Dorsey, a souvent exprimé son hésitation à les supprimer.
Parce que sans les « like », Twitter serait un autre Twitter, moins putassier, en tous cas débarrassé de cette chasse aux « like » dans laquelle se sont perdus tant d’anonymes et de célébrités, tant de marques, d’institutions et de médias à qui cette quête des « cœurs » a fait faire n’importe quoi.
Morale de l’histoire, le record - puisqu’en ce monde numérique, le succès est quantifiable et statistique - a été battu par un compte qui tweete a la mort prématurée de son propriétaire. Qui dit mieux ?
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