"Paradise papers" : le retour de bâton turc

Pelin Ünker, qui lorsqu'elle travaillait au journal "Cumhuriyet" , a participé à révéler l'affaire des "Paradise Papers".
Pelin Ünker, qui lorsqu'elle travaillait au journal "Cumhuriyet" , a participé à révéler l'affaire des "Paradise Papers".  ©Maxppp - EPA
Pelin Ünker, qui lorsqu'elle travaillait au journal "Cumhuriyet" , a participé à révéler l'affaire des "Paradise Papers". ©Maxppp - EPA
Pelin Ünker, qui lorsqu'elle travaillait au journal "Cumhuriyet" , a participé à révéler l'affaire des "Paradise Papers". ©Maxppp - EPA
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Une journaliste ayant participé aux révélations dites des "Paradise Papers" écope de 13 mois de prison en Turquie.

Novembre 2017, le Consortium International des Journalistes d’investigation (dont Radio France fait partie) publie une kyrielle d’enquêtes suscitées par la fuite de 13 millions de documents concernant des sociétés offshore

Au menu : évasion, paradis fiscal et blanchiment d’argent. De nombreuse multinationales, mais aussi des personnalités sont publiquement citées. En Turquie, le quotidien d’opposition, « Cumhuriyet », révèle, entre autre, l’existence de 5 sociétés basées à Malte, dont l’ancien premier ministre Binali Yildirim et ses fils sont bénéficiaires.

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► LIRE A CE SUJET le dossier "Paradise Papers", qui révèle les pratiques fiscales de personnalités et grandes marques comme Philippe Starck, Jean-Jacques Annaud, Nike... et aussi le Premier ministre turc

Un an après les Paradise Papers, c’est la journaliste Pelin Ünker qui tombe

Pelin Ünker est toujours en liberté et va faire appel, mais sa condamnation s’avère significative à bien des égards

D’abord, c’est la première fois, dans tous les pays couverts, que la justice a raison d’une des signatures des « Paradise Papers ». En outre, l’ancien Premier ministre turc est loin d’être le seul homme politique visés par ces enquêtes de presse. Toutefois, c’est le seul, au monde, à avoir porté plainte. Et ce, tout en reconnaissant lui-même l’existence de ses sociétés maltaises. 

Seulement voilà, au délit de « diffamation », la loi turque ajoute celui « d’insulte » dont Pelin Ünker a été reconnue coupable. Bien qu’elle ne soit pas l’auteur de tous les articles incriminés, mais le tribunal a préféré faire un exemple et adresser ainsi une virulente mise en garde à la profession.  

Par ailleurs, Pelin Ünker est redevenue une journaliste free-lance. Donc, isolée. Or, le titre de presse qui publia, à l’époque, son travail, ne peut guère plus la défendre. 

"Cumhuriyet", la bête noire du président Erdogan

Il a eu sa peau, figurez-vous, à ce quotidien centenaire et kémaliste, devenue figure de proue de la gauche turque en 2014. 

Il était en effet dirigé par un grand patron de presse, Can Dündar, aujourd’hui exilé à l’étranger. 

Depuis, les autorités ont à ce point harcelé ses équipes qu’elles ont été contraintes à la démission. La frange progressiste du journal a perdu le pouvoir. Sa reprise en main par une vieille garde ultra-nationaliste arrange le président. 

Ni scoop, ni critique. 

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