

Le magazine américain « Time » vient d’être racheté par un milliardaire de la Sillicon Valley, Marc Benioff. Pourquoi investir dans un journal lorsqu’on est à la tête d’un empire dématérialisé ?
Marc Benioff, idole des startupers, premier employeur et type le plus puissant de San Francisco. Lui-même mesure deux mètres et vient d’achever la construction d’un gratte-ciel de 326 mètres, le plus haut de Frisco, évidemment.
Des concerts privés, des conférences d’anciens chefs d’Etat, des démos à gogo, voici l’évènement le plus couru de San Francisco : la conférence annuelle de Marc Benioff et de son entreprise Salesforce (littéralement « force de vente »).
Le grand public ne connaît pas le nom de cette firme, mais si vous travaillez dans l’informatique ou dans le commerce, vous en savez la réussite spectaculaire.
Pour faire simple, Salesforce bosse à aspirer vos données personnelles : votre smartphone, sa géolocalisation, vos recherches sur Google, votre vie sur Facebook, etc… A partir de cela, Salesforce fait en sorte qu’Adidas vous pousse pile poil ces baskets bleues électriques, en 44, celles avec des lacets blancs dont vous parliez la veille avec une copine. Et ce, à échelle mondiale.
Ajoutez à cela une dose d’intelligence artificielle et vous obtenez Salesforce, valorisée 119 milliards de dollars. La fortune de Marc Benioff s’évalue, elle, à près de 7 milliards. Il s’offre donc le Time à titre personnel et se le paie cash 190 millions de dollars.
Pourquoi investir dans un journal lorsqu’on est à la tête d’un empire dématérialisé ?
Pour faire comme Jeff Bezos, patron d’Amazon, homme le plus riche du monde et propriétaire du « Washington Post » à qui il laisse une entière liberté éditoriale. Il n’empêche, ces rois du business deviennent patrons de presse pour changer de sphère d’influence. Le Time n’a plus le panache d’antan.
Pourtant, sa couv' peut encore frapper fort et son numéro de décembre demeure scruté dans le monde entier : c’est la personnalité de l’année.
Hitler en 1938, Khomeini en 1979, Gorbatchev en 1989, Merkel en 2015.
Celle de 2006 avait marqué les esprits. C’était « vous », le mot était écrit sur un écran d’ordinateur : « oui, vous tous qui contrôlez l’ère de l’information. Bienvenue dans votre monde ». Une couv géniale qui entérinait le pouvoir des conversations numériques et des réseaux sociaux, mais pas le poids des géants du Web qui, un jour, rachèteraient la presse.
L'équipe
- Production
- Autre
- Autre