Quand Jean-Pierre Pernaut dit son cancer

En annonçant avec franchise, courage et simplicité, son cancer de la prostate, Jean-Pierre Pernault contribue à changer notre regard et notre mentalité sur le cancer
En annonçant avec franchise, courage et simplicité, son cancer de la prostate, Jean-Pierre Pernault contribue à changer notre regard et notre mentalité sur le cancer ©AFP - Martin Bureau
En annonçant avec franchise, courage et simplicité, son cancer de la prostate, Jean-Pierre Pernault contribue à changer notre regard et notre mentalité sur le cancer ©AFP - Martin Bureau
En annonçant avec franchise, courage et simplicité, son cancer de la prostate, Jean-Pierre Pernault contribue à changer notre regard et notre mentalité sur le cancer ©AFP - Martin Bureau
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Hier, Jean-Pierre Pernaut annonçait sans fausse pudeur la maladie qui l’éloigne momentanément du JT de 13H de TF1.

« Je dois m’absenter quelques temps. J’ai en effet subi une intervention chirurgicale pour un cancer de la prostate. Tout va bien », tweetait le présentateur. 

Que cela semble banal aujourd’hui. Une personnalité télé qui doit toute la vérité à son public et qui use des réseaux sociaux pour entretenir le lien par-delà l’antenne. Pourtant, si on y réfléchit, Jean-Pierre Pernaut aurait pu se faire savoir simplement « malade ». Les tabloïds auraient-ils eu l’indécence de forcer le secret médical en énonçant le mot « cancer » ? Peut-être. En tout cas, l’homme aurait pu ne pas mentionner l’organe touché, la prostate. Là, nul n’aurait osé le faire à sa place. 

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Au tabou du cancer, maladie que l’on associe communément à la mort, se superpose ici, un autre interdit : parler d’une glande dont dépendent les capacités d’uriner et d’éjaculer. Tous les cancers ne sont pas bons à dévoiler. Il en est qui tuent moins le malade que son imaginaire, pire, celui des autres à son égard.  

Pernaut, ce n’est pas un murmure entre amis. Pernaut, ce n’est pas une voix de radio. C’est un physique de 68 ans qui défie les lois du temps et s’expose chaque jour à 5 millions de paires d’yeux. C’est un inoxydable sourire qui, depuis trois décennies, affirme à la télé « Regardez-moi, j’étais la France, je suis la France et je continuerai de l’être ». 

Pas évident pour cette France éternelle de dire « je vieillis ». Pas évident pour cette France incarnée de dire « Mon corps est atteint ». Pas évident pour un homme public de dire « Ma virilité est en danger ». Pourtant, il le fait avec une extrême simplicité

Hier, tant de Français devaient le remercier en secret de rendre cela aussi simple.  

Et puis, il y a le début de son tweet : « Je dois m’absenter quelques temps ». Comme s’il avait un léger imprévu. En quatre mots, il vous plante le cancer en banale maladie avec laquelle on vit. Chapeau. Vous vous souvenez de ces vieilles pubs pour la recherche sur le cancer ? 

- Allô ?

- Allô Maman, c'est moi.

- Oui...

- Tu sais, je ne pourrais pas venir dîner ce soir

- Bah qu'est-ce qui t'arrive mon chéri ?

- Rien mais j'ai un cancer

- Ah bon ? Bah on se verra dimanche...

Quand on en sera là, disait la campagne, c’est que notre regard et nos mentalités auront beaucoup changé. Pernaut, avec son « Bougez pas, je guéris, je reviens », il y contribue drôlement. 

Bon rétablissement !