

En pleine "affaire Darius Rochebin", la radio-télévision suisse romande fait face à un scandale d'ampleur nationale.
L'affaire devient politique, les parlementaires s'en emparent. Je récapitule : Darius Rochebin, ex star de l'info en Suisse, fait fin août une arrivée sur tapis rouge en France pour officier à 20H sur LCI, avec des interviews en longueur. Après une saison truffée de saillies provocantes et virulentes, la chaîne toute info réussit son pari en termes d'image et d’audience puisque la tranche réunit 240 000 téléspectateurs. Chiffres d’avant le 31 octobre.
A cette date, le quotidien Le Temps publie une enquête explosive. Le journaliste suisse y est accusé de harcèlement et d’agression sexuelle au sein de son ancienne maison, la RTS. Darius Rochebin rentre immédiatement auprès de sa famille, rappelle n’avoir jamais fait l’objet d’aucune poursuite et réfléchit, lui, à porter plainte. Le groupe TF1, maison mère de LCI, se dit attaché plus que jamais à la présomption d'innocence et laisse quelques jours à son nouveau présentateur pour faire le point loin de l’antenne. Il y est remplacé par Adrien Gindre, chef du service politique. Les audiences baissent illico. Finalement, Elizabeth Martichoux, intervieweuse capée, visage du matin sur LCI, s'installera dès ce soir à la place de Darius Rochebin.
Ce remplacement est encore présenté comme un intérim
Mais l'absence du présentateur mis en cause dure et, en Suisse, c’est tout l’audiovisuel public qui est en train de plonger. Gilles Marchand, patron pendant 16 ans des antennes de la RTS, donc supérieur direct de Darius Rochebin, et désormais directeur de la holding qui regroupe les radios et télés publiques, va devoir s’expliquer. Tout à l’heure, face à la Commission des transports et télécommunications du Conseil national. Ensuite, probablement, face au Conseil des Etats qui représente les cantons. De fait, Gilles Marchand a reconnu d’emblée être « coresponsable » des dysfonctionnements révélés par l'enquête du Temps. Or, au-delà des agissements imputés à un individu, sont désormais pointés le « système RTS » et l’omerta qui l’entoure.
Mis en cause dans l’article, deux cadres rebaptisés « Robert et Georges » ont été suspendus mercredi. Lundi dernier, le quotidien 24 heures racontait comment la RTS avait, en 2014, enterré les plaintes concernant les humiliations que faisait subir le dit « Robert » à ses troupes et comment on l'avait fait sortir « par le haut » sous les applaudissements. Hier, "Le Matin Dimanche" de La Tribune de Genève titrait sur toute « une culture d'entreprise » remise en question. Accumulant les témoignages accablants sur une chefferie pléthorique, clanique et machiste.
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