Trump, Netflix et le viol de Central Park

Donald Trump, en mars 1989
Donald Trump, en mars 1989 ©AFP - ARNIE SACHS / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE
Donald Trump, en mars 1989 ©AFP - ARNIE SACHS / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE
Donald Trump, en mars 1989 ©AFP - ARNIE SACHS / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE
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Donald Trump se voit sommer de réagir à une série Netflix retraçant un fait divers new yorkais de la fin des années 1980.

Glaçant, le fait divers. Une jeune femme torturée, violée et assassinée alors qu’elle faisait son jogging dans Central Park. Elle est blanche, elle bosse dans la finance. Immédiatement accusés, cinq gamins de Harlem, entre 14 et 16 ans, noirs ou latino, forcément coupables. Ils attendront 2002 pour être enfin innocentés. Un violeur en série ayant confessé le crime. En 2014, un juge fédéral leur a accordé 41 millions de dollars en réparation de ces vies inutilement broyées par la prison. Toute l’Amérique se souvient de leur surnom « The Central Park Five ». 

C’est eux qui ont demandé à la cinéaste afro-américaine Ava DuVernay, après le succès de son film « Selma », de raconter leur histoire. Ca donne « When They see us », en français « Dans leur regard », série en 4 épisodes qui a pulvérisé les records de visionnages sur Netflix aux US ces deux dernières semaines. Et provoqué des remous jusqu’à la Maison-Blanche. Parce qu’Ava DuVernay ne fait pas qu’exhumer le calvaires des cinq, elle brosse un procès sur fond de luttes des classes et d’injustice raciale dans lequel les médias jouèrent un rôle clé. 

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Inoubliable Une du New York Post sur laquelle le gouverneur de l’époque aboie : « Ma mère a peur, ma famille a peur, aucun d’entre nous n’est à l’abri ». Un milliardaire de Manhattan, du nom de Donald Trump, s’offre alors pour 85 000 dollars une pleine page de publicité dans le « Daily News » : « Bring back the Death Penalty. Bring back our police » (« Ramenez-nous la peine de mort. Ramenez notre police »). Dans la foulée, Trump est l’invité du célèbre présentateur Larry King sur CNN. Ces archives ressortant à la faveur de la série, des journalistes ont demandé avant-hier à Donald Trump s’il s’excuse, aujourd’hui, pour ces adjurations d’il y a 30 ans.  

Réponse du 45ème président des Etats-Unis : en gros « tout le monde a reconnu que cette affaire n’aurait jamais dû être classée et je n’ai rien à ajouter ». Embarras. Par ailleurs, l’onde de choc de la série est telle que les deux femmes ayant dirigé l’enquête en 1989 pour le bureau du procureur ont perdu leurs mandats actuels, y compris à la tête d’associations caritatives. Pour filer la métaphore sismologique, c’est ce qu’on appelle une réplique… médiatique !