Retour sur la médiatisation à outrance de l’"Affaire Élisa Pilarski" qui a battu son plein la semaine dernière.
Il y a un an jour pour jour, une femme enceinte sort en forêt dans l’Aisne avec le chien de son compagnon. Son corps est retrouvé déchiqueté. Fait divers sordide. Quel animal a pu ainsi dévorer Elisa Pilarski ? Curtis, genre de pitbull surentrainé au combat qu’elle promenait ce jour-là ou bien, la meute d’une chasse à courre qui, par hasard, évoluait tout près ?
Les animaux ne parlent pas. Il est toujours bon de le rappeler vu que dans ce dossier, on leur fait dire n’importe quoi. Seules des analyses ADN peuvent raconter le déroulé des atrocités. Il faudra un an pour les obtenir. En attendant, la presse ouvre grand ses colonnes à cette « affaire » qui déchaine la passion bien plus que la raison. Tout s’y mêle, protection des animaux, débat sur des rites féodaux, défense et haine des chasseurs, lien qui unit un maître à son chien, la fierté que l’animal confère à celui qui le possède (ou inversement). A cela, vous ajoutez une spectaculaire lutte des classes, « chasse à courre contre pitbull » devient « aristo contre prolo ». Même Le Monde, peu enclin à faire mousser les faits divers, consacre une belle enquête à la mort d’Élisa Pilarski.
Jusqu’au jour où, les laboratoires rendent leurs conclusions. La jeune femme s’est faite bouffer par le pitbull Curtis. Les chasseurs sont scientifiquement hors de cause. Fin de l’histoire. Non, au contraire !! L’affaire relancée comme jamais par tout ce que le complotisme peut nier de légitimité à la science et par la conférence de presse du propriétaire de Curtis la semaine dernière et par les réactions à la dite conférence de presse. Séquence conclue ce week-end par la proposition d’un député qui veut maintenant légiférer. Pourquoi ? Parce que lui aussi il veut passer sur BFM TV ! La chaine info n’est pas la seule, loin de là, mais elle a accordé une place complètement zinzin à cette histoire, confrontant avocats et experts. Jusqu’à l’absurde. On parle d’un clébard.
Que les médias avaient-ils à se faire pardonner ? De trop couvrir l’actualité étrangère ? D’être aspirés par la présidentielle américaine, délaissant une frange de la France qui se sent déjà délaissée ? Le retour de balancier - du populaire et de la proximité – frôlait la nausée. Aujourd’hui s’ouvre le procès de Jonathann Daval. Fièvre. J’espère que BFM TV a mis sa rédaction sous aspirine. Le petit mari meurtrier. C’est leur dossier préféré !
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