Cette "petite phrase" du président Macron retient l'attention. Elle n'a rien de polémique, elle a été prononcée lors de sa visite du Salon de l'Agriculture. Et elle en dit beaucoup sur la capacité de réformes du chef de l'Etat.
Sur le Salon de l'Agriculture, Emmanuel Macron - un petit peu "bousculé" - a expliqué qu'il n'avait pas peur de ces Français qui se sont permis de le siffler. En revanche, les Français qui l'inquiètent et c'est là que je le cite : "ce sont ceux, effectivement, qui n'ont plus l'énergie de protester" Autrement dit, toutes les réformes passent aujourd'hui : celle du baccalauréat, celle de l'université, la réforme du marché du travail, la suppression de l'ISF et probablement - dans quelques mois - la réorganisation de la SNCF... Tout est tacitement accepté. En tout cas, rien n'est massivement contesté.
Mais ce que dit Emmanuel Macron, c'est qu'il a conscience des circonstances. Il a conscience que certains Français se sentent suffisamment désespérés ou mis de côté, pour souhaiter voir les choses changer. Voilà pourquoi ils ont cessé - pour l'instant - de s'opposer. Donc il n'y a pas de blanc-seing pour le président, il le sait parfaitement. Et en même temps, très exceptionnellement, ce ne sont pas 100 mais 1000 jours pour ainsi dire, qui lui sont instinctivement accordés pour vraiment parvenir à réussir.
Cela dit, si toutes les réformes passent aussi facilement, c’est aussi parce que c'est Emmanuel Macron !
Les électeurs, c’est vrai, qu'ils aient voté ou pas pour lui, savent que c'est un "président réformateur" qui a été élu. Le candidat Macron ne s'en était pas caché : il avait annoncé qu'il voulait "transformer la société". Et depuis qu'il est à l'Elysée, les Français ont par ailleurs découvert deux traits importants de sa personnalité, sa constance et son opiniâtreté ! Puisque depuis 9 mois, Emmanuel Macron montre systématiquement qu'il tient bon… Ce qui laisse, là encore, peu d'espace à la contestation.
Ajoutez à cela, la quasi-disparition de presque toute forme d'opposition. L'opposition syndicale d'abord, qui affiche un tel écart de discours entre les plus réformistes et les plus radicaux qu'un front commun paraît totalement utopique. Quant à l'opposition politique ensuite - de Gauche comme de Droite -, elle a du mal à exister parce qu'elle est sévèrement démonétisée. Donc, rien ne freine Emmanuel Macron qui a plutôt les mains libres pour « tout » réformer.
La question, c'est jusqu'à quand ?
Jusqu'à la "coagulation" d'un certain nombre de mécontentements. Par exemple, la grogne des élus locaux qui sévit déjà, superposée à celle des retraités-qui-paient-la-CSG, sans oublier les fonctionnaires qui peuvent se sentir un peu trop souvent visés, et ajoutés à d'autres contrariétés... Tout cela pourrait, tôt ou tard, finir par tout bloquer.
Parce que transformer le pays, à marche forcée, ne peut durer en réalité, qu'un temps. Il arrive nécessairement un moment où les Français ne peuvent plus accepter autant de changements ! Cela se produit - à priori - quand ils voient disparaître certains points de repères. Quand l'ADN-même de ce qu'ils considèrent comme étant "leur" société, a été un peu trop touché, voire dénaturé.
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