Comment le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ruine le travail des journalistes…

 Paris, France le 08 mars 2016. Presentation au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) pour la présentation du premier rapport sur la présence des femmes dans les programmes audiovisuels.
 Paris, France le 08 mars 2016. Presentation au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) pour la présentation du premier rapport sur la présence des femmes dans les programmes audiovisuels. ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
Paris, France le 08 mars 2016. Presentation au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) pour la présentation du premier rapport sur la présence des femmes dans les programmes audiovisuels. ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
Paris, France le 08 mars 2016. Presentation au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) pour la présentation du premier rapport sur la présence des femmes dans les programmes audiovisuels. ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
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par Frédéric Métézeau

Nous entrons dans la dernière ligne droite de la présidentielle la plus indécise qui soit… Les sondages (que nous utilisons toujours avec parcimonie) indiquent tous, quel que soit l’institut, un resserrement entre Le Pen, Macron, Fillon et Mélenchon… Tout est possible, des projets bien distincts s’opposent dans un contexte international anxiogène / campagne inédite mais…

Mais ?

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Mais inédit aussi l'encadrement des temps de parole dans l'audiovisuel… Jusqu'au premier tour le CSA nous demande de respecter l’égalité stricte entre les 11 candidats ou leurs soutiens mais la nouveauté, c’est qu’il faudra appliquer cette égalité au sein de 4 tranches autonomes dans la journée… Dans chacune de ces tranches il faudra tenir le même temps de parole à la seconde près / pas simple pour une radio comme la nôtre qui n’est pas un média d’information continue…

N’est-ce pas au contraire une bonne nouvelle pour le pluralisme ?

Le pluralisme, c’est donner la parole à tout le monde dans de justes proportions, ce n’est pas l'égalité arithmétique… A France Inter nous interviewons les 11 candidats mais nous n’avons pas besoin d’injonctions ou de décompte tatillon et surtout nous devons hiérarchiser l’information, la proportionner / nous devrions faire des choix éditoriaux et non pas mathématiques… Sinon, cela va donner ceci dans nos rédactions :

- Patrick, c’était comment le meeting du candidat Y ?

- Bof, il n’a rien dit de nouveau depuis hier

- On s’en fout, il a 42 secondes de retard sur les autres

- OK je dois avoir un bon extrait sur 50 secondes

- Non, non 42 secondes sinon il fauda refaire 8 secondes des 10 autres

- Bon, OK pour 42 secondes

La loi a permis à 11 personnalités d’être candidates… La loi nous impose aussi un décompte linéaire à 11 à l’heure de la réécoute dé-linéarisée : podcasts, sites web, réseaux sociaux et applis où l'on ne peut pas mesurer le temps de parole...

Un grand merci, donc, au CSA garant du pluralisme et de la liberté de la presse, plus qualifié pour compter les secondes que pour empêcher le dépeçage d’I-Télé… Un CSA qui ne bougera pas si un candidat refuse notre invitation, hé oui les contraintes ne vont qu'à sens unique...

Un grand merci à la conseillère du CSA Sylvie-Pierre Brossolette venue ce matin sur France Inter défendre cette réglementation... Ancienne journaliste politique de presse écrite, un secteur où l’on ne compte pas le nombre de signes dans les articles, et c’est tant mieux, car l'info ne se fait ni en tranche ni au poids...

Un grand merci au président du CSA, Olivier Schrameck, directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et l’un de ses conseillers de l’ombre pendant la campagne de 2002 achevée dès le 21 avril...

Un véritable expert en campagne présidentielle...

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