Ce matin, vous vous demandez si la hausse de la CSG va ouvrir une guerre des générations en France.
. Il est assez singulier de constater que la génération qui avait 20 ans en 1968 et qui a fait grève (on oublie souvent que 68, ce n’est pas que les étudiants mais surtout le plus gros mouvement social et ouvrier), il est singulier de constater que cette génération qui a obtenu des avancées sociales importantes, soit aujourd’hui mise à contribution. Elle a connu la croissance et le plein emploi (au moins dans sa jeunesse, jusqu’aux chocs pétroliers), elle a pu emprunter pour se loger, à une période de forte inflation, c’est-à-dire des facilités de remboursement… elle est aujourd’hui très largement propriétaire, elle a pu vivre dans une société en paix, après les guerres de décolonisation, une période de libération des mœurs, avant le sida, une société d’explosion des loisirs et du confort.
Elle a bénéficié d’avancées de droits et libertés sans précédent, avant de pouvoir jouir d’une retraite financée et pendant laquelle on vit plus longtemps en bonne santé. C’est la première fois que les retraités, en moyenne, ont un revenu supérieur à celui des actifs… C’est une génération qui a pu jouir sans entrave des biens de consommation, sans se sentir coupable, ni en imaginer l’impact sur la biodiversité et le climat… Un président issu d’une autre génération, celle du chômage de masse, du réchauffement de la planète, de la fin des grandes théories politiques qui donnaient foi en l’avenir… vient demander que l’effort soit un peu plus appuyé sur la génération bénie des dieux.
Génération qui devrait donc accepter sans broncher ?
La partie la plus nantie certainement ! Mais pour toutes les petites retraites, on comprend que ça passe difficilement. D’abord parce que les effets de la hausse de la CSG n’ont pas été clairement annoncés pendant la campagne… et puis, tant que la modération fiscale sur les plus riches, la fin partielle de l’impôt sur la fortune, ne produit pas d’effet sur l’emploi (si toutefois elle en produit) il y a un sentiment justifié d’injustice. Mais ce tableau de la génération bénie doit être pondéré par la réalité de la vie d’aujourd’hui, d’une certaine déshumanisation des rapports sociaux qu’elle subit de plein fouet. Certes, les retraités sont très majoritairement propriétaires et mieux lotis que leurs enfants… mais c’est la première génération qui a le sentiment que sa descendance vivra dans un monde plus dur, plus incertain que le sien.
C’est une génération qui aide financièrement, loge parfois ses enfants adultes… une génération qui, même si elle n’est plus active, vit, ressent à plein toutes les angoisses que génère notre temps. Dès lors… les retraités, qui ne sont ni une classe sociale, ni une communauté homogène, ne seront pas à l’origine d’une guerre des générations… En revanche, cette génération vote massivement et pèse sur les élections. S’il faut la mettre à contribution… Il est par conséquent de bonne politique, de le faire dès maintenant, dans cette année sans scrutin… Seulement, sans amélioration réelle et significative de la situation, le contrecoup électoral sera, le jour venu, terrible pour la majorité.
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