Débat à La France Insoumise après la déroute.

France Inter
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Débat à La France Insoumise après la déroute.

Comment passe-t-on de 19 à 6% quand on est leader (en décibel au moins) de l’opposition à un président passablement impopulaire ? Il est tentant de mettre en cause de JL.Mélenchon, son agressivité, ses outrances. Mais cette explication est trop courte. Et surtout c’est ce Mélenchon-là qui, avec le même ton, avait réussi sa présidentielle. Et puis, Manon Aubry, n’était pas sur ce registre. Son discours de type associatif, déterminé mais apaisé, ne puisait pas dans la gamme des arguments simplement protestataires, telle que mise en œuvre dans l’exercice d’opposition frontale des Insoumis depuis 2017. En réalité, le message de Manon Aubry n’était pas clair, pas identifiable au 1er mot, comme le furent le Nationalisme brut du RN, l’europhilie assumée de LREM ou le projet écologique des Verts. LFI n’assume pas totalement un souverainisme qui, il est vrai, en Europe, par les temps qui courent est accaparé par l’extrême-droite.   

Cet échec est l’occasion d’une vaste réflexion interne.

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Oui et qui risque de générer quelques frustrations parce que LFI est un mouvement construit comme une machine de guerre pour la présidentielle. Ce n’est pas un parti. Il n’y a pas de structures de débat, pas d’instances démocratiques de décisions. Tout part du chef et l’on sait que les périodes post-défaite électorale sont des moments de déprime pour JL.Mélenchon. La seule entité à peu près collégiale, c’est le groupe parlementaire. Quelles y sont les tendances ? Il y a Clémentine Autain qui regrette la négativité systématique portée par Mélenchon et la tactique d’isolement et de méfiance vis à vis du reste de la gauche. Cette figure de la gauche sociétale pointe la stratégie populiste adoptée, sans débat interne, ces deux dernières années. A l’opposé, le député Alexis Corbière regrette que cette campagne n’ait pas été, justement, l’occasion de développer ce qu’il appelle un ‘populisme humaniste’. Il considère que LFI doit répondre aux raisons de l’émergence des Gilets jaunes. Raisons qui avaient rencontré l’assentiment d’une bonne partie des Français : la question démocratique, la crise de la représentation, la dénonciation de l’hyper pouvoir concentré aux mains d’une ‘oligarchie’, d’une ‘caste’. Seule stratégie, dit-il, propre à réorienter le vote populaire à gauche et réveiller les abstentionnistes. Le problème de cette voie –Corbière en convient-  c’est qu’elle est très compliqué à mettre en musique sans tumulte, sans agressivité, sans glisser, même parfois vers une certaine forme de complotisme. La personnalité éruptive du chef n’aide pas à proposer un populisme positif. Et puis la stratégie de la conflictualité finit par fatiguer, car elle est trop violente pour être supportable dans le cadre d’un débat démocratique au long court... Un peu comme s’use la révolte des Gilets jaunes, hebdomadaires, aux heures ouvrables. Il y a donc une réflexion à mener... mais sans structures démocratiques internes pour faire remonter les aspirations des militants, comment être crédible pour prétendre régénérer la démocratie ? JL. Mélenchon, après sa période renfrognée devra s’atteler à ces chantiers internes, stratégiques et théoriques. Et faire face à un fait nouveau pour lui dans ce mouvement : La monté d’un gros doute, d’une contestation de sa personne dans la perspective de 2022.

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